Le Qivitoq et la bipolaire

Actualité du 25/11/2025

 

Quand ça va pas ça va pas. Coline (Blanche Gardin) rejoint son Jura natal, dans des dispositions mentales et une santé physique au quatrième dessous. Sur place, elle renoue avec Basile, son frère aîné (Philippe Katherine) qui vivote entre le chalet familial et son bar restaurant.

Neuvième titre de son auteur, L’Incroyable Femme des neiges est bien un film de Sébastien Betbeder. A savoir une bande peuplée de personnages en transit, voire en perdition ; parsemée de retrouvailles plus ou moins heureuses, quelque part dans un arrière-pays en déshérence, ici une station de sports d’hiver où désormais les skieurs pataugent dans un sol boueux.

Par la suite et la plupart du temps, les cocasseries alternent avec les psychodrames, au cours de tranches de vie qui tournent en rond et épuisent l’intérêt. L’Incroyable Femme des neiges est bien un film de Sébastien Betbder, mais cette fois, augmenté d’un liant qui retient l’attention et assure l’émotion.

Exploratrice bipolaire (sic), Coline assure la correspondance entre un télésiège jurassien et le Qivitoq, le Yéti qui hante le Groenland. Son désastre intérieur amorce une quête de rédemption, parsemée de malaises et d’alacrités. La démarche est propulsée par l’intensité dramatique de Blanche Gardin qui consolide et enrichit sa verve fantaisiste. A ses côtés, les frangins de Coline (Katherine et Lolo-Sébastien Bouillon) s’ébrouent dans une tendre et tonique complicité.

Dans le Grand-Nord, à Upernavik, Ole et Martika suivent à la télé, l’équipée de Dustin Hoffman en territoire Cheyennes (Little Big Man, Arthur Penn 1970). Les frères Inuits accueillent les nouveaux migrants et accompagnent Coline jusqu’aux portes du Paradis Blanc.

Péril écologique, désordres intérieurs, échappée métaphysique.., L’Incroyable Femme des neiges embrasse large et frôle les précipices. Mais son timonier maintient le cap dans une une sensibilité fantasque, qui se dissout dans une lumineuse et bouleversante poésie.

Décidément, suite à Un ours dans le Jura (Frank Dubosc 2024), cette région montagneuse génère d’étonnants morceaux de cinéma.

Photographies: KMBO Distribution.

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