Le sentiment du fer

Actualité du 29/12/2023

Hamlet créé en 1988 au Festival d’Avignon, La Reine Margot (1994), Le Bossu (1997), Fanfan la tulipe (2003), Vincent Perez affiche la filmographie d’un acteur-bretteur. Rien d’étonnant donc à ce que le duel soit au centre de sa quatrième mise en scène de cinéma.

Paris 1887, figure centrale d’Une affaire d’honneur, Clément Lacaze (Roschdy Zem) exerce comme maître d’armes dans une académie d’escrime, propriété de Ferdinand Massat, par ailleurs patron de presse (Damien Bonnard) et dirigée par son ami Eugène Tavernier (Guillaume Gallienne).

Un coup de sang de son neveu (Noham Edge), ajouté aux initiatives impétueuses de Marie-Rose Astié de Valsayre (Doria Tillier), le précipite dans une chaîne mortifère, à base d’honneurs plus ou moins bien placés mais toujours bafoués.

Épée, sabre, pistolet, différents types de duels scandent un scénario coécrit par le réalisateur et son épouse Karine Silla. Le glossaire de l’escarmouche se complète par une restitution minutieuse de ces joutes strictement réservées aux hommes, au grand dam de Madame Astié de Valsayre, caractère non fictif, militante féministe très active dans la France de la fin du XIXème siècle.

Les reconstitutions techniques se prolongent lors des affrontements où le panache de Scaramouche cède la place à une sauvage brutalité. Vincent Perez incarne Louis Berchère, militaire qui, après la déroute de la Guerre de 70, trouve dans ces défis réparateurs, le moyen d’épancher une sauvagerie endémique.

Ce manifeste pacifiste puise ses attraits dans son impeccable distribution et la modestie de sa mise en scène. Perez écarte les effets de montage et les virtuosités de caméra, au profit d’une efficacité qui privilégie la tenue du récit aux maniérismes auteurisants.

Inscrit dans l'âge d'or du sentiment du fer, époque ô combien charbonneuse, Une affaire d’honneur respire néanmoins un classicisme éclairé.

Photographies : Guy Ferrandis-Gaumont-France 2 cinéma.

 

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