Le skateur et le cascadeur

Actualité du 26/04/2023

Ça passe quelque part à la campagne, dans un  établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes. Lorsque son directeur (Eric Metayer) lui annonce que, suite à un sinistre, le réfectoire de la maison sera partagé avec les élèves de l’école voisine, Yannick (Vincent Macaigne) râle, conteste puis retourne à ses multiples occupations.

Tel est le point de départ de Quand on sera grand, second film écrit et réalisé par Andréa Bescond et Eric Metayer. Les rapports intergénérationnels et les dégénérescences liées à la vieillesse furent déjà traités dans Déglutis ça ira mieux, pièce de théâtre signée par le duo et représentée en 2019, dans le Off Avignon. Ces même thèmes sous-tendent Quand on sera grand, cette fois dans un long métrage qui alterne l’intime et le collectif.

Les plans séquences le long des couloirs, dans les parties communes ou lors des réunions, posent un regard documentaire sur un établissement public, dans lequel des employés en sous effectif assurent des vacations qui relèvent de l’apostolat. Échanges complices, cocasses avec les résidents ou les collègues, plus tendus avec la direction, réaction pudique mais intense à la découverte d’un sommeil dont on ne sort pas, une kyrielle de vies grouille et parfois s’échappe de ce trop plein d’activités.

Les deux réalisateurs réunissent dans leur EPHAD, des interprètes non professionnels et des acteurs patentés : Aïssa Maïga, Marie Gillain, Carole Franck, Vincent Macaigne, chez les soignants, Evelyne Istria, Bernard Bloch, Christian Sinniger parmi les pensionnaires. Ce dernier incarne Yvon. L’ ex-cascadeur se prend d’affection pour Brieuc (Kristen Billon), skateur rageur qui malmène sa planche au péril de ses articulations. Cette brève relation, concentré de tendresse et de transmission, s’oppose aux Chatouilles (2019), premier film du binôme, inspiré du seule en scène autobiographique, créé en 2015 par Andréa Bescond. A l’enfant broyée par un adulte, sujet central des Chatouilles, répond cette affinité précieuse entre une jeune pousse et un vieux briscard.

On pense à l’humanisme militant d’un Ken Loach (Moi Daniel Blake-2016 ou encore Kes-1969, modèle du récit d’enfance). On songe à l’optimisme circonspect de Nakache et Tolédano, encore un duo à l’origine de Hors normes (2019). Quand on sera grand déroule une tranche d'EPHAD, à l’image de Yannick, tempétueux mais infatigable, rigoureux dans ses gestes, fantaisiste à ses heures, soucieux du bien être commun et, par ailleurs, fan du groupe Magma.

Bref un bonhomme et un film plus que recommandables.

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