Les dilemmes de la traductrice

Actualité du 03/06/2024

La vallée du Richelieu au Québec, de retour sur les terres de sa jeunesse, Ariane (Ariane Castellanos) trouve un emploi d’interprète auprès des travailleurs guatémaltèques engagés par la coopérative de maïs.

Injonctions du manager (Marc-André Grondin), récriminations des journaliers, au gré de ses interventions, la traductrice porte les paroles entre deux feux et deux langages.

Car dans cette vaste réserve agricole, du patron pressuré par les actionnaires, à la main d’œuvre soumise au programme des travailleurs étrangers temporaires, personne n’échappe au joug de la productivité. Ariane, elle même, demeure pieds et poings liés à son salaire, dernier rempart avant la vente de la maison familiale.

Rivé aux basques et aux dilemmes de l’héroïne, le spectateur découvre un quotidien dantesque, propres à certaines exploitations sises dans cette province du Canada.

Pour son premier long-métrage, Pier-Philippe Chevigny combine la rigueur documentaire et la respiration du thriller, précipité en osmose avec les cadences et l’oppression ambiantes.

Dissidente baigne dans l’infernal, l’intolérable ; mais chacun à ses raisons au sein de l’enclave orwellienne. Tel est l’adage de ce cauchemar économique, doublée d’une prise de conscience qui s’opère au fil d’un récit scrupuleux, organique, à perdre haleine de bout en bout.

Rencontre avec Pier-Philippe Chevigny.

Dissidente : le 5 juin dans les cinémas.

Photographies : Les Alchimistes Distribution.

 

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