Mention bien

Actualité du 24/08/2021

4 morts par règlement de comptes à Marseille depuis sa sortie le 18 août, Bac Nord-le film est largement rattrapé par l’actualité. Contrôlées par des milices surarmées, les citées deviennent des ZAD au sein desquelles une descente de police relève de la scène de guerre. Dans le contexte ambiant, face à l’écran, le spectateur est pétrifié. Cédric Gimenez connaît Marseille et ses quartiers Nord où il a vécu jusqu’à son adolescence. Bac Nord a été tourné avec les habitants des cités, preuve que le réalisateur a su s’attirer leur confiance

Inspiré par le scandale qui en 2012 ébranla la police phocéenne, Bac Nord prend fait et cause pour ces flics de base, pris en tenaille entre une administration interne et des instances politiques (préfets, ministres), peu conscientes des réalités du terrain. Nourris de réalité, Greg le moine soldat (Gilles Lellouche), Antoine le chien fou (François Civil), Yass le réfléchi (Karim Leklou) animent sans défaillance ce plaidoyer pro domo.

Au delà de son goût et sa maîtrise des films d’action, Cédric Gimenez aime les acteurs, comme il affectionne les univers masculins qui, devant sa caméra deviennent des fraternités blanches et testostéronées. A un moment, un gamin est emballé dans le véhicule. Il agonise le trio d’injures, Greg branche l’autoradio et aussitôt tout le monde reprend en chœur le rap de Jul. La séquence est efficace et habile dans sa manière de pondérer l’approche manichéenne.

A maestria égale, Les misérables (2019) qui plaçait déjà trois flics dans une voiture, proposait une approche plus subtile (plus maline ?) des rapports aux périphéries. Bac Nord n’en demeure pas moins un saisissant morceau de cinéma qui bouscule, étourdit et pose pas mal de questions.

Ce qui n’est pas la moindre de ses qualités.

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