Métier oublié

Actualité du 14/01/2023

Marinier (La Vierge du Rhin 1953), routier (Gas-oil 1955), marchand d’art (Meurtre à Montmartre 1957), dessinateur-graveur (Le Cave se rebiffe 1961).., Gilles Grangier (1911-1996) aimait filmer les métiers. Réalisé en 1959, 125 rue Montmatre, s’attache à un crieur de journaux. En marge de sa tournée, Pascal (Lino Ventura) suit un itinéraire inhabituel et dangereux qui le conduit de l’imprimerie de France-Soir jusqu’à un chapiteau au milieu de nulle part.

Le scénario est cosigné par Grangier aux côtés des romanciers Jacques Robert et André Gillois. Les dialogues sont ciselés par Michel Audiard. Sur une douzaine de films, ce dernier grattera, souvent à son meilleur, au service de cet artisan modeste, friand de gouaille, de pittoresque, à condition qu’ils n'affectent ni le déroulement de l'intrigue, ni l'étoffe des personnages.

 

Doté d’un solide coup de fourchette, Grangier partageait la table de Jean Gabin, Lino Ventura, Bernard Blier et.. Michel Audiard. Sur les plateaux ce petit monde s’accordait dans la confiance et l’efficacité. Proches des vedettes, le réalisateur gardait un œil sur les débutants : Jeanne Moreau distribuée dans Gas-oil puis Échec au porteur (1958) ou Robert Hirsch qui dans 125.., campe un dépressif bizarre jusqu’à l’hallucinant.

Auteur populaire, parfois commercial, grognard d’une certaine qualité française, Gilles Grangier essuya le mépris des jeunes de turcs des Cahiers du cinéma, soucieux de déblayer le terrain au profit de la future Nouvelle Vague. Certes le bonhomme n’a pas tourné que des chefs d’œuvre, mais il nous laisse une poignée de sacrés bons films.

La preuve : 125, rue Montmartre passe le lundi 16 janvier sur ARTE (20H50). Grâce soit rendue à la hiérarchie du temps qui passe.

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