Money Train

Actualité du 01/07/2023

La caractéristique première des films de casse, réside dans l’empathie dégagée par le cran et l’astuce des casseurs. Ce sentiment redouble dans Trois Milliards d’un coup, inspiré par l’attaque du train postal Glasgow-Londres d’août 1963, proclamé Casse du siècle, par l’ampleur du butin (près de trois millions de livres sterling) et la dextérité de son exécution.

Réalisé quatre années plus tard, The Robbery, démarre dans le réalisme haletant d’une course poursuite au cœur de Londres. A la clé de la cavale : une mallette remplie de billets, carburant nécessaire à la préparation d’une opération beaucoup plus sophistiquée.

Passé sa spectaculaire ouverture, le récit adopte une tournure plus pondérée, voire scrupuleuse, dans le recrutement de l’effectif, dont un conducteur de train à la retraite et l’élaboration du plan d’action. Apparaît alors le cerveau : Paul Clifton, alias Stanley Baker, par ailleurs producteur du film.

Au sommet de sa carrière, jalonnée de premiers rôles dans quatre films majeurs : L'Enquête de l'inspecteur Morgan (1959), Les Criminels (1960), Eva (1962), Accident (1967), tous dirigés par Joseph Losey, l’acteur au regard noir et la carrure de déménageur, s’entoure de partenaires dont le physique passe-partout accentue l’approche néo-documentaire, caractéristique du Free Cinéma, école contemporaine de la Nouvelle Vague.

Les réunions de travail se déroulent principalement dans des lieux publics, en particulier des stades de football, dont la masse des supporters préserve des oreilles indiscrètes. Cisaillage, bidouillage en 12 volts, l’opération, sans (trop de) violence et sans arme, est restituée avec une roborative précision.

Versant pandore, le montant hallucinant du butin provoque une stupeur nonchalante qui induit une inévitable et salutaire tasse de thé. Discret et minutieux, l’inspecteur Langdon (James Booth) dirige son enquête dans une efficiente distinction. Flic ou voyou, chacun mène sa barque, animé d'une conscience artisanale, qui rejaillit sur ce thriller concis, efficace, patiné d’une délectable nostalgie.

La suite appartient à la légende, remarquée par Steve McQueen, la poursuite d’ouverture, propulsa, dès l'année suivante, Peter Yates qui, dans sa jeunesse pratiqua la course automobile, aux manettes de Bullit (1968), dont le succès fracassant marqua le départ d’une exemplaire carrière hollywoodienne, au fil de laquelle, les polars : Les Quatre malfrats (1972), Les Copains d’Eddy Coyle (1973), Suspect dangereux (1987) voisinent avec des bandes plus intimistes : John and Mary (1969), La Bande des quatre (1979), L’Habilleur (1983).

De son côté, forts du succès de The Robbery, Stanley Baker et sa société Oakhurst film produisirent L’or se barre (1969), un nouveau hold-up, beaucoup plus pop dans sa mise en œuvre.

Quant au butin du Casse du siècle, comme le suggère Trois Milliards d’un coup, une large partie n’a toujours pas été récupérée.

Photographies : Lost Films.

 

 

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