Au terme du générique, une araignée enserre le toit d’une maison. Léger travelling arrière, le pavillon est une maquette et l’animal un spécimen que Adam, le concepteur du modèle réduit, pose délicatement sur un rebord de fenêtre. Une bonne action sans lendemain car, un peu plus tard, un chien (petit et gentil) le précipitera, aux côtés de Barbara son épouse, au fond d’une rivière.
Noyés pour le compte, les Maitland sont, pour plus d’un siècle, assignés dans leur villa. La malédiction reste supportable jusqu’au moment où, en pleine toquade bucolique, les Deetz débarquent de New York et posent leurs malles dans l’habitation. Une solution s’impose : effrayer les intrus et s’en débarrasser.
Oui mais voilà, nous sommes dans un film de Tim Burton où les arachnides sont sympas, les fantômes inoffensifs, les suicidaires clairvoyants, où des génies piaffent dans des bouteilles très mal embouchées.
Second long-métrage d’un dessinateur congédié par les studios Disney, Beetlejuice porte en germe l’art et le monde de Tim Burton. Visuellement, le conte combine prises de vue réelles, animations image par image et trucages mécaniques. Dans un univers biscornu, inspiré par le Cabinet du docteur Caligari (Robert Wiene-1920), pierre angulaire de l’école expressionniste, s’agite un petit théâtre, qui agonise normes et vanités, pour le grand bonheur des fêlés et des excentriques.
Cette œuvre de jeunesse scelle quelques complicités, à commencer par le compositeur Danny Elfman, auquel s’ajoute Winona Ryder, prochaine fiancée de Edward aux mains d’argent (1990) et Michael Keaton. Le futur Batman (1989-1992) campe un clone d’Arlequin qui baratine, jure, rote, pète, pelote à tour de bras. Un concentré de virilisme, condiment irrésistible à cette fable mélancolique et bouffonne, à cette extravagance foncièrement macabre et charmante, définitivement.
Beetlejuice Halloween evening : mardi 31 octobre 18H, Cinéma Utopia Manutention Avignon.
Projection unique suivie d’une rencontre-discussion.
