On s’aime et on n’y peut rien

Actualité du 14/06/2022

La Maman et la Putain, se déroule à Paris, au printemps mais en noir et blanc.

On traîne aux Deux Magots et d’autres comptoirs où le matin, dès 5H25 se croisent des êtres qui s’expriment comme des dictionnaires. On parcourt des journaux, on lit des livres de poche et on écoute des microsillons. Certains passent Damia, Marlène Dietrich ou Édith Piaf (en 78 tours). D’autres achètent King Crimson et citent les Rolling Stones.

Dans La Maman et la Putain il y a des postes transistors et des chaînes-stéréo. 

Dans la Maman et la Putain on s’étale sur le lit sans ôter ses chaussures. On fume des Gauloises, on parle beaucoup, on boit énormément.

Dans la Maman et la Putain on raconte de subtiles anecdotes et des blagues à 2 balles. Il y a de la trivialité menstruelle, des instants sous tension et des moments déchirants. Il n’y a pas d’action périlleuse (si ce n’est la séquence du tampon)

Mais jamais une phrase en sus, ni une image de trop,

La Maman et la Putain dure 3H40 et on ne s’ennuie jamais.

Dans La Maman et la Putain Veronika possède « de jolis seins », Marie « un corps de Négresse » et Alexandre "un pénis en bec de théière".

Et passe Gilberte alias Isabelle Weingarten.

Jean-Pierre Léaud discourt à satiété, le ton est toujours juste.

Même s’il réanime un monde révolu, le film de Jean Eustache reste d’une intemporelle modernité.

Dans la Maman et la Putain on s’accoste, on se séduit, on se rabiboche. On joue mais on ne se ment pas.

La désinvolture est délicate, la passion loyale et la colère fragile. Il s'exhale un tact dandy, jamais ostentatoire.

Dans la Maman et la Putain chacun est seul mais toujours ensemble.

Dans La Maman et la Putain on s’aime et on n’y peut rien.

Retour à la liste des articles