On va voir les vaches

Actualité du 29/04/2022

C’est une vache certes mais pas comme les autres. C’est une Reine : Vedette la bien nommée. Au cœur des massifs alpestres, la souveraine frappe la terre, montre les cornes lorsqu’une imprudente approche de trop près la meilleure herbe de la prairie. Sertie de sa cloche enrubannée, Vedette règne sur le troupeau et galvanise l’attention d’Élise et Nicole, ses propriétaires dont elle assure la subsistance et nourrit la fierté.

Mais selon l’ordre immuable des choses, Vedette est un jour délogée par une vassale plus jeune et plus robuste. Afin de lui épargner d’autres humiliations, la suzeraine déchue est exilée chez les voisins, en l’occurrence Claudine Bories et Patrice Chagnard, couple de cinéastes échappés de la ville. Et c’est ainsi que Vedette devint le sujet d’un film.

L’ascension et la déchéance de l’animal ouvrent une brêche sur un monde si loin, si proche. Une communauté où les rapports entre l’humain et l’animal ne sont plus régis par la domination et l’exploitation mais une juste répartition des tâches. Et l’équité se doit d’être respectée, car l’on découvre à cette occasion que la puissance de la vache (et de Vedette en particulier) n’est pas toujours placide et réconfortante.

Anthropomorphisme oblige, Elise et Nicole, puis Claudine et sans doute nous spectateurs, transférons des sentiments humains sur les regards et postures du bovin. Ainsi au fil de la cohabitation, la réalisatrice avoue son aversion nouvelle pour la nourriture carnée. Mais certaines idéologies du moment sont balayées par l’épilogue, merveilleux coup de théâtre dans lequel l’essentiel, le naturel se teintent de poésie.

Entre temps Vedette aura coulé des jours, que l’on espère paisibles, au fil des phrases (et des théories) de René Descartes ou Milan Kundera, à l’écoute de Carmen et sa Habanera.

Car si tu m’aimes prends garde à toi.

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