Apparence négligée, haleine alcoolisée, cynisme dépressif, Oscar (Ubeimar Rios) coche toutes les cases de l’artiste incompris. Séparé de son épouse, ce Bukowski du pauvre retourne chez une mère moins compréhensive qu’exaspérée par ses postures velléitaires.
Afin de regagner l’estime de Daniela, sa fille (Allison Correa), le bonhomme décroche un poste de prof de lettres. En classe, il tombe sur les écrits de Yurlady (Rebeca Andrade), élève boudeuse mais fine plume.
Régénéré par sa découverte, Oscar se met propre sur lui et s’improvise chaperon de l’adolescente, qui trouve dans l’écriture une échappatoire à la précarité familiale.
Réalisateur par vocation, enseignant pour payer ses factures, Simon Mesa Soto puise dans son expérience la matière de son second film. Situé à Medellin (Colombie), plaque tournante de la drogue et ville natale de l’auteur, Un poète réveille le souvenir de Woody Allen, son attachement aux perdants et son approche sarcastique de la vanité endémique d’une certaine intelligentsia.
Mais, par le filmage délié, au plus proche des personnages, la griffe de John Cassavetes (1929-1989) imprègne cette comédie en demi-teinte, qui questionne le mythe de Pygmalion au sein d’une société où les encyclopédies sont réduites à de simples valeurs d’échanges.
Rencontre avec Simon Mesa Soto, qui après Amparo (2021), creuse plus avant les rapports de filiation.
Traduction : Joana Ramon.
Un poète dans les cinémas à partir du 29 octobre.
Photographies : Épicentre Films.