Pour l’amour de Zoé

Actualité du 03/07/2021

« Il n’y a pas de mot pour désigner un parent qui perd un enfant ». Sur cette phrase repose My Zoé. Le film se décline en trois temps. Dans le premier très « polanskien » l’attachement obsessionnel d’une mère (Julie Delpy également réalisatrice) pour sa petite fille génère tension et inquiétude. Situé dans un hôpital, entre une chambre de réanimation et une salle d’attente, le second utilise les scalpels chers à Ingmar Bergman ou Michael Haneke. Deux volumes de verre, deux vivariums, d'un côté un esprit s’éteint, de l’autre une relation agonise. La mère utilise sa fille pour tenir à distance un père (Richard Armitage) dominateur. Celui-ci utilise l’accident de l’enfant comme une occasion de reprendre la main.

 

Plus proche de la transgression que de l’anticipation, le troisième volet s’avère plus déconcertant. 11 ans après la Comtesse, Julie Delpy se confronte à nouveau à l’inéluctable. Si pour garder sa jeunesse, Erzsebeth Bathory se prélassait dans le sang de vierges, Isabelle convoque son relationnel de généticienne pour s’affranchir du deuil. Théorique, organique, cette supposition alimente une fable aux multiples résonances : psychologiques, philosophiques, sociologiques… . Dépourvu d’afféteries : interprètes au cordeau, musique absente, lumière sans filtres, My Zoé confirme que Julie Delpy, l’actrice, la cinéaste, évolue dans ses métiers dans la plus roborative des libertés.

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