Signoret tout contre Montand

Actualité du 10/10/2025

 

Diabolo Menthe (1977), Coup de Foudre (1983), Un homme amoureux (1987), Pour une femme (1993).., en (quasi) un demi-siècle de carrière et quinze films, Diane Kurys ne cesse d’affiner sa carte du tendre et d’affirmer son attachement aux interprètes.

La réalisatrice croise ses inclinations avec Moi qui t’aimais où elle examine les vingt dernières années du couple formé par Simone Signoret (1921-1985) et Yves Montand (1921-1991).

Le film débute, en 1976, au moment où Signoret accepte un second rôle dans Police Python 357, second long-métrage d’Alain Corneau (1943-2010) dans lequel Montand incarne le personnage principal.

Toujours au sommet, il tourne Le Sauvage (1975) avec Catherine Deneuve, Tout feu tout flamme (1982) aux côtés d’Isabelle Adjani, En 1980, il réussit son retour sur scène avant de triompher sous la moustache du Papet (Jean de Florette-1985). Dans le même intervalle, Madame Rosa, figure centrale de La vie devant soi, adaptation du roman d’Émile Ajar / Romain Gary par Moshé Misrahi (1977) et La Nostalgie n’est plus ce qu’elle était, son autobiographie, apportent à Signoret la consécration de la profession et l’attachement des lecteurs.

 

Ces étapes deviennent les repères factuels d’une plongée dans la mécanique d’un couple dont la longévité détricote l’entendement. De fugues en retrouvailles, se décortique une relation où le donjuanisme compulsif côtoie un attachement masochiste. À la tendresse complice, au doux réconfort succèdent menteries sordides, jalousies mesquines et suppliques humiliantes. Déchirer pour mieux raccommoder, Moi qui t’aimais sonde le modus operandi d’un théâtre intime qui défie conventions et bienséances.

En guise de lever de rideau, la séance de maquillage au cours de laquelle l’actrice et l’acteur prennent l’apparence de leurs illustres personnages, introduit une distanciation, en contrepoint avec un film d’époque figé dans l’encaustique.

Dans la reconstitution de cet amour braque et bien compris, le Montand de Roschdy Zem peine à s’extraire de l’imitation. À l’inverse, Marina Foïs trouve dans Signoret la matière d’une authentique performance.

Point central du projet, sa composition relève d’une hybridation idéale entre une icône célèbre et son interprète qui l’habite sans artifice et dans une pleine humanité. En ces instants devient palpable la magie de l’incarnation.

Pas de doute Simone aurait aimé et Montand aurait boudé.

Photographies : Pan Distribution

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