A l’origine de Twist à Bamako il y a Mali Twist exposition visitée en 2017 par Robert Guédiguian. Dans cet accrochage les photographies de Malick Sidibé (1936-2016) fixaient la prolifération des clubs de rock, concomitants à l’indépendance du Mali à l’orée des années 60.
Intrigué par cette période qui allie la fête à la révolution, le réalisateur songe à un documentaire puis devant la richesse du matériau, opte pour la fiction. Guédiguian sollicite Gilles Taurand, collaborateur sur ses projets non marseillais, coscénariste du Promeneur du Champ-de-mars (2005), L’armée du crime (2009), Une histoire de fou (2015).
Figure centrale de Twist à Bamako, Samba (Stéphane Bak) est le fils d’un riche commerçant et fervent militant de Modibo Keïta, premier président de la République du Mali. Entre deux tournées dans les villages où il institue l’agriculture partagée et l’éducation pour tous, le jeune homme passe ses soirées à danser sur les rythmes des Chats sauvages ou Chubby Checker. Lors d’une de ses tournées Samba et ses camarades héritent d’une passagère clandestine. Lara (Alicia Da Luz) fuit un mariage forcé. Une idylle perce entre les deux jeunes gens, jalonnée d’obstacles et d’éblouissements. Lara découvre la délicatesse, la solidarité et l’euphorie des nuits de la capitale, Samba confronte sa passion aux devoirs de sa fonction.
Comme toujours chez Guédiguian les aléas de l’intime demeurent indissociables du contexte sociologico-politique. La passion des deux amants et le printemps malien se heurtent aux intérêts bien compris des gros négociants, aux traditions féodales en lice dans les villages, sans oublier le rigorisme partagé entre religieux et idéologues.
Militant du partage des richesses, partisan d'une douceur de vivre, nostalgique du Twist, de la Soul et du Rock’n Roll, le cinéaste humaniste élude le simplisme didactique. Le père de Samba règne en patriarche éclairé sur sa famille, ses trois épouses et ses activités. Rejeté par Lara, l’époux rugueux est gagné par une sage résignation. Chacun a ses raisons, mais la vie est dure pour la raison
Fidèle à son auteur, Twist à Bamako est une belle histoire triste, bien jouée et solidement documentée. Si la France et les blancs restent hors champs, la Fança frique prolonge ses adhérences jusqu’à nos jours. Vue la situation chaotique du Mali, Twist à Bamako s’est tourné au Sénégal. Cette expatriation renforce encore l’aura de paradis perdu qui imprègne une fresque baignée de couleurs et de mélancolie.