Terres brûlées

Actualité du 07/12/2023

Un téléphone portable enregistre une révolte ouvrière, la séquestration d’un cadre et l’intervention des forces de l’ordre. Dans l’affrontement, Michal (Guillaume Canet), s’acharne violemment sur un policier.

Ellipse.., toujours sur un smartphone, la scène d’horreur économique, provoque les ricanements de deux adolescentes et la réaction sanguine de Selma (Patience Munchenbach), la fille de Michal. Il apparaît que l’acte du père, provoqua sa mise sous bracelet électronique et la rupture avec son épouse (Laeticia Dosch).

Le clan se reconstitue, néanmoins, lorsque, suite à une vague de chaleur, des nuages gorgés de pluies acides envahissent le territoire.

Avec Acide, Just Philippot développe son court-métrage homonyme, réalisé en 2018 et lui applique la formule, testée avec bonheur pour La Nuée. Dans ce premier premier long, sorti en2020, une fermière, veuve et mère de deux enfants, tente de sauver son exploitation en se lançant dans l’élevage de sauterelles. Seule face au chagrin et aux multiples difficultés, la jeune femme développe des rapports dangereux avec les insectes. Acide remet sur l’ouvrage, cet alliage de problématiques intimes et pressions sociales, dans lequel s’imbrique un dérèglement climatique qui affole le quotidien.

L’exode familial n’est pas sans rappeler Terre Brûlée (1970), où, pour fuir un péril bactériologique, un groupe de citadins tente de s’isoler dans la campagne anglaise. Mais si le film de Cornel Wilde utilise la pandémie comme prétexte à un étalage, souvent complaisant, de brutalités, Just Philippot refuse le spectaculaire teinté d'alibi.

Dans Acide, l’eau, source de vie, devient élixir mortifère. Michal et son clan progressent sur un terreau organique qui, selon un processus inéluctable, corrode les carrosseries, consume les habitations, ronge les chaussures, rogne les articulations.. .

Épaulé par Patience Munchenbach, jeune pousse pétrie de fragilité sévère et Guillaume Canet, qui développe une part tourmentée, entrevue dans La prochaine fois je viserai le cœur (2014) ou Au nom de la terre (2019), Just Philippot accommode la tension et l’engagement, la fantasmagorie et la tragédie. Acide déroule un cauchemar picaresque qui, jusqu’à son épilogue, fixe l'inexorable, sans facilité, ni concession.

Un film radical et populaire, la rareté mérite d’être saluée.

Acide, unique projection le 16 décembre lors de la Nuit Fantastique des Cinémas Utopia-Avignon. 

https://www.cinemas-utopia.org/avignon/index.php?id=6130&mode=film

Photographies : Bonne Pioche Cinéma, Pathé films, France 3 Cinémas, Canéo films.

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