The Batman force Seven

Actualité du 10/03/2022

Agressions, pillages, toxicomanie.., rongée par les violences liées à la misère, Gotham City voit son chaos amplifié par le Riddler (Paul Dano), criminel au sadisme éduqué, qui précède ses exactions par des devinettes au codage sophistiqué.

L’enquête est conduite par le commissaire Gordon (Geffrey Wright). Intègre mais pragmatique, le fonctionnaire accepte l’aide, non d’un détective mais d’un justicier à la carapace sculpturale, surmontée d’un masque de chauve souris. Celui ci bénéficie de l’attention voire du secours, non d’une femme fatale mais d’une amazone (Zoé Kravitz), elle aussi masquée et agile.., comme un chat .

On le devine The Batman se fond dans les codes du film noir et les péripéties du récit à énigme. Le film emprunte beaucoup à Seven (David Fincher 1995), sa pluie diluvienne et son tueur au machiavélisme savant. Co-scénariste de The Yards (James Gray 2000), magistral précipité de machinations criminelles et de conflits shakespeariens, Mat Reeves applique pour son premier Batman, une grille d’écriture analogue, déjà utilisée par Christopher Nolan dans The Dark Knight (2008). Mais cette fois, le baroque titanesque cède la place à un vérisme tourmenté.

Ainsi Batman est sujet au vertige, il sollicite des substances ultra énergétiques en cas d’ultimes nécessités. Il se déplace principalement en motocyclette, parfois en Bat Mobile, sorte de 4X4 amélioré. Simplicité, efficacité, foin des calandres et enjoliveurs inutiles ! Car lorsqu’il tombe le masque, Bruce Wayne doit négocier la survie de ses entreprises avec des cabinets comptables, peu portés sur la justice désintéressée.

Amorcée dans Joker (Todd Phillips 2019) cette dilution de figures chimériques dans un environnement plus quotidien, donc plus inquiétant, se prolonge dans The Batman. Face à Disney-Marvel et ses bataillons de blockbusters tonitruants, monocordes et interchangeables, les studios Warner, propriétaire des DC comics, adoptent pour Batman, une voie singulière, propice à des spectacles plus complexes et nuancés.

Bien sur the show's still going on. Même si la poursuite automobile apparaît comme plaquée, le final biblique et surtout la fusillade restituée à travers les flammes des armes automatiques, cochent largement les cases spectaculaires.

Si l’on ajoute que le dandysme mélancolique de Robert Pattinson se fond à merveille dans l’armure opaque du justicier dépressif, l’on se dit qu’après Tim Burton et Christopher Nolan, The Batman est de nouveau dans de bonnes mains.

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