Comment conter une histoire lorsqu’on n’a pas de preuves ?
La question est à l’origine du premier long-métrage écrit et réalisé par Asmae El Moudir. Parce qu'il n’existait aucune photo d’elle dans son jeune âge, la jeune réalisatrice décide de rassembler ses parents, sa grand-mère et deux voisins, face à une maquette qui reconstitue le quartier et la maison de son enfance.
La confrontation réveille les souvenirs d’une organisation domestique régentée par une aïeule despotique et acariâtre. Elle ravive encore la mémoire des Émeutes du pain du 20 juin 1981, au cours desquelles l’armée du roi Hassan II tira sur les manifestants, en butte à l’augmentation du prix de la farine.
L’effacement des traces de la répression se superpose avec les murs sans oreilles qui enserrent le noyau familial.
La Mère de tous les mensonges dresse le compte-rendu de ce jeu de rôle qui associe art-plastique, performance et cinéma documentaire, au service d’une catharsis familiale doublée d’une exhumation mémorielle.
Couronnée par le prix de la mise en scène Un Certain Regard, lors du Festival de Cannes 2023, Asmae El Moudir revient sur l’élaboration longue et délicate de ce dispositif exceptionnel.
La Mère de tous les mensonges : dans les cinémas le 28 février.
Photographies : Asmae El Moudir / Insight Films / Fig Leaf Studios
