Vertigo 2.0

Actualité du 01/07/2022

 

De nos jours en Corée du Sud, l’inspecteur Hae-Joon (Park Hae-il) enquête sur la chute mortelle d’un retraité. Le chagrin très nuancé de sa veuve (Tang Wei), attise sa curiosité, ses soupçons puis son intérêt. Intelligente, pragmatique, la jeune femme, infirmière à domicile d’origine chinoise, contraste avec la bienséance hygiéniste de son épouse. La suite est facile à imaginer.

Lorsqu’un opérateur lui demandait où placer la caméra, John Ford (1874-1973) répondait invariablement : « En face des acteurs ». Il est certain que la même question posée à Park Chan-wook entraîne des réponses plus variées : sous la vitre d’un smartphone, derrière le cristallin d’un poisson mort.. . Tout au long de Decision to leave les yeux, les photos, vitres, miroirs, écrans, jumelles à longue portée.. composent ad libitum une litanie du désir et de l’obsession.

S’il assimile avec brio les nouvelles technologies : objets connectés, logiciels en tous genres.., à des vecteurs dramatiques, le scénario (coécrit par Jeong Seo-kyeong) s’embourbe néanmoins dans les approches séductrices et conversations à double sens, entrelacs que les afféteries de réalisation peinent à dynamiser. Le récit retrouve une rythmique et le styliste son efficacité, suite à un rebondissement qui oriente le film vers le drame romantique.

Dans Decision to leave, Park Chan-wook croise des thèmes qui lui sont chers : le goût du conte (Stoker 2013, Mademoiselle 2016..) et l’amour impossible, abordé par Thirst, ceci est mon sang (2009), de même que dans l’étonnant et méconnu Joint Security Area (2000), basé sur l’amitié (amoureuse?) contrariée entre deux gardes frontière de Corée du Sud et deux collègues de Corée du Nord.

Ressassement de sentiments qui peinent à se concrétiser, Decision to leave-Décision de quitter s’ouvre sur un piton rocheux et se clôt dans un trou d’eau. Entre temps l’on aura vérifié que certains pas restent difficiles à franchir et que Park Chan-wook est un maniériste de haut vol, digne émule de Nicolas Roeg et Peter Greenaway.

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