Viens on va se baigner

Actualité du 25/11/2025

 

Problème d'hébergement. Afin de préserver les vacances de Pâques, mitonnées avec ses jumeaux (Leonis / Teoudor Pinero Müller) et son ami (Jules Waringo), Sana (Eye Haïdara) s'introduit dans la villa tropézienne de son ex-belle famille. Six jours de ce printemps-là chronique cette parenthèses ensoleillée dans l'ombre de la clandestinité.

Concoction singulière à base de méfiance et d'insouciance, le film ajoute un chapitre supplémentaire au corpus passionnant autant que malaisant composé par Joachim Lafosse.

Séparation (L’Économie du couple 2015), emprise (Élève libre 2008, A perdre la raison 2012), trouble psychique (Les Intranquilles 2021), déviation transgressive  (Un silence 2023), le réalisateur aime labourer les sphères intimes en phase d’implosion.

Pour l’occasion, l’auteur puise dans ses souvenirs d’enfance la matière de ce nouveau film qui confirme sa maîtrise narrative mais tempère ses tropismes habituels.

Un compteur d’électricité, des rideaux tirés, une sympathie inquisitrice, suffisent à traduire les abysses sociales qui séparent le monde du Papi, maître des lieux ; et le quotidien de son ex-bru à qui ce havre paradisiaque est désormais interdit.

Une fois encore, Lafosse se montre un conteur orfèvre, capable de moduler la tension par des dialogues chuchotés ou des sonneries d’interphones et de portables. Pourtant, au fil des péripéties élégiaques ou périlleuses propres au séjour proscrit, se dessine l’embryon d’un foyer qui se sédimente dans l’adversité. L'intrusion dangereuse, l'explosion présumée cèdent s'estompenbt derrière l'ébauche d'une reconstruction.

La vitalité résolue de Eye Haïdara (découverte au Festival d’Avignon 2016 dans Lotissement de Frédéric Vossier, mise en scène Tommy Milliot) emballe cette carte postale, certes bien chiffonnée mais toujours juste et ô combien touchante.

Allez viens on va se baigner.

Photographies : Les Films de Losange

Retour à la liste des articles