Expo dans le vent

Actualité du 21/02/2025

 

Une histoire de vent : film testamentaire, co-réalisé avec Marceline Loridan, par le documentariste Joris Ivens (1898-1989). Histoires de vent : sous-titre de Même les soleils sont ivres, le nouvel accrochage de la Collection Lambert.

Déployer une exposition sur le vent, un demi-siècle après son ouverture à Avignon, terre de culture (et de Mistral) ; il était temps.

Même les soleils sont ivres, cite une phrase issue de La Postérité du soleil, ouvrage sur la topographie du Vaucluse, réalisé en 1965 par la photographe Henriette Grindat et l’écrivain Albert Camus, citoyen de Lourmarin.

 

Un artiste par salle, directeur artistique de la Collection, Stéphane Ibars cultive ses dilections minimalistes mais, pour l’occasion, associe l’épure à l’ampleur.

Force est de reconnaître que l’espace est nécessaire à l’exécution des partitions pour les lustres-éoliennes harmonisés par Susanna Fritscher ; ou le ballon d’hélium et de larsen, gonflé et sonorisé par Céleste Boursier-Mougenot, en hommage, peut-être, au Rodeur de la série Le Prisonnier (1967).

Le directeur artistique de la collection, réparti une vingtaine de numéros sur les trois niveaux de l’hôtel de Montfaucon.

La visite arpente des aires traversées par les brises, bises et rafales qui gonflent les tornades captées par Francis Alys, sculptent les paysages saisis par le peintre Gustave Vidal (1895-1966). Plus loin se cisèlent les rivages rabotés par Le Tempestaire (1947), court film de Jean Epstein (1887-1953).

Le bruit de l’air accompagne tantôt le souffle de l’inspiration.

Laure avait du vent dans ses cheveux. , la phrase est issue de la première traduction française du poète François Pétrarque (1304-1374), issue du fonds Ceccano. Les poèmes d’Emily Dickinson (1830-1886) hantent l’installation-courant d’air de Spencer Finch et les bâtons de paroles gravés par Roni Horn.

 

 

Durant le Festival d’Avignon, les spectateurs de la Cour d’honneur n’assistent pas à un spectacle, ils viennent voir le vent. , affirme l’acteur Philippe Caubère dans l’un des ses seuls en scène. Le plateau du Palais des papes évoqué par les artistes (Pina Bausch, Jean-François Sivadier...) qui l’ont éprouvé, trône sur les vidéogrammes, dont certains réalisés par Chantal Akerman (1950-2015), projetés dans le sous-sol de la galerie.

Deux niveaux plus haut, au pied de Écrit sur le vent / Written on the wind : un wall drawing de Lawrence Weiner, s’étend LE chef d’œuvre : Les Fontaines malaxent un flot noirâtre, telles d’infatigables cuves d’épuration.

A la lumière des vingt fenêtres de la salle en L, Zilvinas Kempinas combine sidération, émotion et recueillement, par le simple assemblage de ventilateurs et de bandes magnétiques, consciencieusement extirpées de leur carapace VHS.

 

Rudimentaire et prodigieuse, l’installation s’avère emblématique de l’esprit de l’accrochage. Nourrie de synergie avec des institutions locales : bibliothèques, archives municipales, Maison Jean Vilar, Musée Angladon, Hôtel d’Agar Cavaillon.., de galeries internationales et de prêteurs privés, Même les soleils sont ivres aborde l'immanence et la fragilité des écosystème, transcendées par des artistes qui poétisent la technologie ou célèbrent la beauté par une évidence primitive.

En chemin l’on s’attarde sur le Monument For The End of The World. Mircea Kantor maquette la ville de Busan (Corée du sud), surplombée par un carillon suspendu à une grue. Ce nouveau Big Ben sonne, tel un tocsin, au gré du vent d’une soufflerie.

Car, cela mérite d’être souligné, Même les soleils sont ivres délivre un large glossaire sur le bon usage des ventilateurs.

Rien n’est vain lorsque écrit sur du vent.

Même les soleils sont ivres : jusqu'au 25 mai

Collection Lambert : 5 rue Violette, Avignon

Ouvertures : de 14h à 18h du mercredi au vendredi, 
de 11h à 18h le samedi et le dimanche

Tel : 04 90 16 56 14

Plus d’informations sur: https://collectionlambert.com/

 

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