Laure Pétrarque le verre et l’aluminium

Actualité du 29/07/2025

 

Ainsi, au printemps 1627, dans la Cité des Papes, au cœur de la Chapelle Sainte Claire, le poète François Pétrarque (1304-1374) avoua sa flamme à Laure de Noves (1310-1348). Cette légende amoureuse, Jean-Michel Othoniel l’annexe comme fil rouge aux Fantômes de l’amour, exposition picaresque qui aligne 10 étapes dans Avignon intra-muros.

Afin de célébrer le 25ème anniversaire de Avignon-Capitale européenne de la Culture, le plasticien, rompu aux intervention dans des espaces patrimoniaux, déploie ses constellations à l’échelle de la ville.

La visite, le voyage, le pèlerinage, s’amorcent via le Rhône. Sur le Pont Saint Bénezet, La Croix des bateliers en métal doré et verre de Murano ouvre la porte des navigateurs et fixe le point de départ de l’itinéraire. L’ascension du Rocher des Doms, non réquisitionné car en cours de requalification, conduit vers la Place du Palais où s’érige L’Astrolabe.

Le totem de métal et feuilles d’or se dédouble et trône par ailleurs au sein du Cloître Benoît XII, parmi quelques 133 œuvres disséminées dans 15 espaces du Palais des papes.

 

Les accrochages antérieurs en témoignent, Au Palais des papes, la réussite d’une exposition repose sur la capacité à établir un dialogue entre les œuvres et leur majestueux (et écrasant) écrin.

À ce titre, dans la lignée des Papesses (2013), des Tigres et Vautours chers à Yan Pei Ming (2021) ou du Palazzo de Eva Jospin (2023), la pérégrination, de la Chambre antique du camérier d'où s’élance un majestueux Yardang, jusqu’aux Jardins Pontificaux où s’écoule La Fontaine de délices, suscite cette année de séduisantes et passionnantes conversations.

 

 

Ainsi, sur les longues cloisons du Grand Tinel s’alignent les 60 peintures à l’encre, réunies pour la première fois dans leur intégralité.

En suspension dans la Chambre du Parement, Les 12 Constellations, inspirées des signes du zodiaque, sont magnifiées par les lumières pointillistes, signées Eric Soyer, collaborateur de longue date du dramaturge Joël Pommerat (Le Petit Chaperon rouge, Ça ira (1) Fin de Louis, La Réunification des deux Corées..).

 

 

Pour la première fois, des suspensions surmontent la Grande Chapelle.

Sous les ogives s’étend le Cosmos, soit quatre galaxies de 5 mètres de diamètres qui surplombent un flot de briques bleues disposées en tourbillon. Le ciel et l’eau, encore et toujours.

Entretien avec Jean-Michel Othoniel à l’issue de la visite du Palais des papes.

 

Aux éblouissements propres au Palais des papes, répondent les apartés, en succession dans les espaces plus feutrés du Musée du Petit Palais.

L’inspiration sulpicienne de l’exceptionnelle collection de peintures primitives (XIVèmme / XVème siècle), imprègne la quarantaine d’installations en verre sertis d’or, imaginées autour du cercle, figure inhérente aux auréoles qui certifient la sainteté.

 

Balises récurrentes, les Wonder Block, monolithes en verre sulfurisé, habitent la façade et l’intérieur du Musée Lapidaire. Aux côtés d’un monumental Stone Wall, tout en briques enchâssées, ces totems dialoguent avec les stèles qui composent le fond archéologique.

Tels des fontaines à eaux, les Wonder Block se retrouvent dans les cabines des bains publics ouverts, dès 1890 par Auguste Pommer (1852-1926).

Musée municipal depuis juin dernier, Les Bains Pommer, sanctuaire dédié aux ablutions est inclus dans le périple pensé par Jean-Michel Othoniel.

 

Inaugurée, en juillet 2000, la Collection Lambert demeure le vestige vivant de Avignon, capitale européenne de la culture.

L’intégralité de l’Hôtel de Caumont est voué à l’évocation des années de formation de Jean-Michel Othoniel, en référence à l’art minimaliste : Robert Ryman, Louise Lawler, Sol LeWit, auteur d'un wall drawing, au pied duquel s'écoule désormais un long fleuve tranquille.

 

 

La passion florale cultivée par Jean-Michel Othoniel ne pouvait s’exprimer qu’à l’intérieur d’un conservatoire d’histoire naturelle.

En conséquence, le cabinet d’exposition du Musée Requien se pare d’un rouge garance et juxtapose les fleurs et les herbiers enluminés par l’artiste avec quelques uns des bouquets les plus précieux, issus des collections botaniques.

 

Sur la rue Joseph Vernet, le Musée Requien jouxte le Musée Calvet dont la cour d’entrée devient l’écrin d’une sculpture monumentale inédite, entrelacs de perles vitrifiées, en dialogue avec la calade et ses pavés extraits du Rhône.

Des créations du même type se découvrent dans le jardin et au détour de l’espace statuaire, proche de l'entrée.

 

 

Toujours surprenant, souvent éblouissant, jamais écrasant, le périple peut se conclure dans le jardin de la Chapelle Saint Claire où Pétrarque aperçut Laure pour la première fois.

À quelques mètres de l’entrée public du Théâtre des Halles, se pose un Cœur de verre rouge, comme l'effigie fastueuse de cette dense et poétique déambulation.

En préambule d’un catalogue à sortir cet automne, Jean-Michel Othoniel et les éditions Actes Sud proposent Othoniel Cosmos ou les Fantômes de l’amour, recueil d’aquarelles réalisée en préambule à l’exposition.

Ces œuvres sur papier sont accompagnées d’un texte signé Colin Lemoine, écrivain, critique d’art et directeur de collection.

Enfin, dès le 1er août,  Jean-Michal Othoniel investit la Cour d'honneur du Palais des papes. Mis à disposition par le Festival d'Avignon, le plateau sera à la fois l'espace d'une installation inédite, en place jusqu'au mois de septembre ; mais également, les 1er et 2 août, le théâtre de Midnight Souls, création chorégraphique signée Carolyn Carlson pour Hugo Marchand et Caroline Osmond, danseurs de l'Opéra de Paris, accompagnés par Juha Marsalo de la Carolyn Carlson Company.

 

Sur l'exposition et la production chorégraphique, entretien avec Jean-Michel Othoniel enregistré le 16 juillet 2025, à La FNAC-Avignon centre.

 Othoniel-Cosmos ou les Fantômes de l’Amour : jusqu’au 4 janvier 2026, dans 10 monuments et musées d’Avignon.

Visites en entrée libre, à l’exception du Palais des Papes et de la Collection Lambert.

Midnight Souls création chorégraphique de Carolyn Calson : vendredi 1er, samedi 2 aout, 22H, Cour d'honneur du Palais des Papes.

Renseignements/réservations : https://avignon-tourisme.com/offres/othoniel-cosmos-ou-les-fantomes-de-lamour-avignon-fr-5269439/

Photographies : O. Tresson, Michel Flandrin.

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