Une collection dans sa maison

Actualité du 04/04/2023

Une exposition, un catalogue, Une histoire intime de l’art : Yvon Lambert, inverse la chronologie. C’est en effet un livre, coédité par les éditions Dilecta, le Centre national des arts plastiques et la Collection Lambert, qui justifie l’exposition de printemps du centre d’art, sis entre la rue Violette et le boulevard Raspail de la Cité des Papes.

Somme imposante de plus de 400 pages, supervisée par Jean-Baptiste Delorme et Stéphane Ibars, par ailleurs directeur artistique de la Collection, l’ouvrage dresse l’historique de l’institution, ouverte en 2000, autour des œuvres rassemblées à partir de 1970 par Yvon Lambert,

Dans une notule détaillée, Stéphane Ibars revient sur le parcours de ce fils d’une commerçante et d’un chauffeur de taxi ; de l’adolescent, apprenti boulanger qui consacre son premier salaire à l’achat d’un tableau, jusqu’au marchand d’art à l’œil visionnaire, par ailleurs rompu à la pratique de la négociation.

Photographies: Grégoire Prangé.

Rupture, dès les années 60, avec l’École de Paris, au profit de l’avant garde new-yorkaise (Roy Lichtenstein, Robert Ryman, Robert Rauschenberg, Andy Warhol.. ), les eighties et l’irruption d’une nouvelle figuration (Jean-Michel Basquiat, Robert Combas, Jean-Charles Blay..), l’émergence de la photographie (Nan Goldin, Douglas Gordon, Andres Serrano…), ces différentes étapes jalonnent une odyssée qui débouche, en 2012 par le legs de 556 œuvres à l’état français. 270 d’entr’elles occupent les 4000 M2 de l’Hôtel de Caumont, élargi en 2015 à l’Hôtel de Montfaucon (l’historique des lieux est l’objet d’un chapitre détaillé).

Stéphane Ibars signe un accrochage, pensé comme un cérémonial, qui restitue la majesté des Wall Drawing (photo) dessinés par Sol LeWitt et occasionne la redécouverte des installations de Nan Goldin ou Jonathan Horowwitz (Silent Movie inspiré entr’autres par les films Miracle en Alabama d’Arthur Penn et Tommy de Ken Russel). Monumental, abyssal, Die Rheintöchter, précipité de matière, de puissance et de finesse par Anselm Kiefer ou le Marilyn Manson Monument, gigantesque photo de famille composée par Candice Breitz. Sans oublier, bien sur, le passage obligé à travers le sidérant Sas de contamination (photo), élaboré en 2000 et reconstitué l’an dernier par Clive Hirschhorn.

Rédigés par Yvon Lambert lui même, les cartels guident les visiteurs à travers un chemin de vie jalonné de rencontres avec des artistes en rupture mais toujours conscients de l’histoire l’art.

Interview de Stéphan Ibars pour lequel: Si une accumulation reflète une vie, la qualité de cette accumulation reflète la qualité de cette vie.

Une histoire intime de l’art : Yvon Lambert en délivre la prodigieuse illustration.

Fidèle à sa tradition, la Collection Lambert confie ses trois espaces en sous sol à un artiste émergent. Plasticien-performeur Reeve Shumacher signe Origine d’un monde, triptyque-installation, dans lequel des entrelacs de cordage voisinent avec les girations sonores d’un mur d’enceintes ou la restitution d’une errance au cœur de reliefs calcinés.

La mystérieuse majesté de l’art totémique, l’ample rigueur de la géométrie, appréhendent, dans la répétition et la transe, un univers géologique, métaphysique qui magnifie, autant qu’il questionne, l’espace et le paysage.

Plus de précisions avec Reeve Shumacher.

Origine d’un monde : jusqu’au 4 juin 2023

Une histoire intime de l’art-une donation/un livre/une exposition: jusqu’au 4 juin 2023

Collection Lambert, 5 rue Violette, Avignon

11-18H, du mardi au dimanche

04 90 16 56 14

Plus d’informations sur: https://collectionlambert.com/

Retour à la liste des articles