Branquignols from outer space

 

Et si on partait dans les étoiles ? La question pourrait traverser l’esprit d’une poignée d’enfants. Des copains, des copines qui se lanceraient aussitôt dans une expédition intergalactique avec quelques objets, du carton découpé. Et pas mal d’imagination. Jeanne Candel adapte ce principe à Fusées.

Au départ, il y eut le tohu-bohu. Flanqués d'une pianiste (Claudine Simon) et son clavier réparé, un trio de bras cassés (au sens propre du terme) déballent son castelet. Une fois installé, la petite bande entreprend de conter, dans un prologue bref et agité, l’origine du système solaire.

Puis, en toute logique, surgit l’idée d’embarquer dans une fusée. Donc Boris (Vladislav Galard), Kyrill (Jan Peters) partent dans l’espace. A leurs côtés un ordinateur (l’on dirait désormais une intelligence artificielle), veille au bon déroulé de la mission.

Cousine germaine de Hal, le computeur versatile découvert dans 2001, l’Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick 1968), Viviane est interprété par Sarah le Picard, complice régulière de Samuel Achache, dont la fantaisie mélodieuse et déjantée irrigue la proposition.

À contre temps des space operas basiques qui accumulent effets et péripéties souvent guerrières, Fusées chronique le spleen et l’ennui d’humains en orbite. Parfois, les cœurs pèsent, même dans l’apesanteur. Par chance, les sorties dans l’espace oxygènent les états d’âmes. Quelques accessoires, force gestes et onomatopées, trois complices à la seconde près, donnent vie à cette épopée en creux.

L’on s’amuse beaucoup à suivre ces branquignols du troisième type, lancés dans une expédition où les interjection et autres borborygmes voisinent avec des accords de Bach, Schubert et Rossini.

Lors de l’épilogue, il nous est expliqué que une large partie de l’humanité agit comme elle peut. À ce titre, durant une petite heure, Fusées déroule une fastueuse épopée rétrofuturiste, doublée d’un éloge épatant de l’imaginaire et de l’artisanat. Car c’est fou ce que l’on exprimer avec du fil plastique, une table pliante, un tabouret à roulette et un quatuor pétri de fantaisie.

Fusées : 11H et 17H, jusqu’au 8 juillet, Salle Benoît XII.

Réservations : https://festival-avignon.com/fr/edition-2025/programmation/fusees-351196

Photographies : Christophe Raynaud de Lage.

 

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