La pas Dolce Vita

 

De l’obscurité sourd une trompette mélancolique, désaccordée, le solo très étiré impose les tenants et aboutissants des Derniers Feux agencés par Nemo Flouret. Il semblerait que le jeune chorégraphe apprécie Federico Fellini (1920-1993). Les mélopées de l’instrument souvent sollicité par Nino Rota (1911-1979), alter égo musical du cinéaste italien, les haut-parleurs à pavillon, le haut échafaudage, le spot de cinéma, renvoient à la séquence du miracle, l’un des moments iconiques de la Dolce Vita (1960).

S’y ajoute encore la ferveur et la religiosité grégaire propres à la foule captée par Fellini. Une ardeur similaire active le danseur-chorégraphe et ses dix partenaires-performeurs. Au son d’une caisse claire lancinante, imperturbable, un collectif charrie, déplace de vastes panneaux cartonnés, un abécédaire surdimensionné, de long tasseaux au bout des quels flottent des sweaters (griffés). Quelques figures dansées se frayent un espace dans la compulsion générale.

 

 

Répétitions, ressassements, effervescence jusqu’à la transe. Résister, ne rien lâcher !

Cet été dans la Cour Saint Joseph on épuise les sujets. Aux bacchanales des Delirious Nights célébrées par Mette Ingvartsen, succède la fourmilière ordonnée par Nemo Flouret.

Espace idéal pour la danse, le vaste écrin relève cependant du cadeau empoissonné. Car le lieu reste marqué à tout jamais par One Song, imaginé il y a trois ans par Miet Warlop, un projet inouïe transcendé par des musicos-athlètes endurants jusqu’à l’époustouflant.

Le souvenir récent de ce moment difficilement surpassable, écrase cette nouvelle tentative d’épuisement, qui en dépit, de son habileté, son engagement et ses séduisantes références, n’évolue pas dans la même catégorie.

Les Derniers Feux : 22h Cour du Lycée Saint Joseph, Jusqu’au 25 juillet. Relâche le 22 juillet.

Réservations : https://festival-avignon.com/fr/edition-2025/programmation/derniers-feux-351458

Photographies : Christophe Raynaud de Lage

 

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