Cet été, Samuel Achache délaisse les cloîtres du Festival d’Avignon : les Célestins (Fugues 2015), les Carmes (Sans tambour 2022), pour les dorures à l’italienne de l’Opéra de la Place de l'Horloge. Le lieu accueille Les incrédules, défini comme un opéra invraisemblable pour chanteurs, acteurs et 52 musiciens.
Situation de départ : après s’être interrogée sur la connexion biologique entre le chagrin et les larmes, une jeune femme (Sarah le Picard co-auteure du livret) apprend au téléphone le décès de sa mère. À cet instant, la défunte entre dans la pièce, plus en forme que jamais.
Appréhender le miracle du point de vue de celles et ceux qui n’y croient pas.
L’idée est à l’origine d’une collecte de témoignages effectuée par Samuel Achache et le compositeur Antonin-Tri Hoang, autour d’évènements inexplicables et prodigieux. Le matériau devient le socle d’un ouvrage opératique qui avance par tableaux et entremêle chants, récitatifs et parlé-chanté.
À la formation lyrique (l’Orchestre de l’Opéra national de Nancy) en fosse, répond, sur scène, un quatuor (accordéon, violon, violoncelle, saxophone ou clarinette basse) qui assure l’office du chœur. S’y ajoute enfin un pupitre inédit, sorte de harpe aléatoire.
Cet instrumentarium concertant et déconcertant est au service d’une distribution où certains rôles sont simultanément pris en charge par une actrice et un acteur ou une chanteuse et un chanteur.
Extravagant, sophistiqué mais jamais écrasant, le dispositif participe d’un voyage mental, d’une rêverie qui passe par un laboratoire de paléontologie et se clôt au pied d’un mur des lamentations.
Les rapports familiaux, la mémoires (ses trous et ses os), le désespoir creuset des superstitions, irriguent cette épopée onirique au cours de laquelle le déchirant (c’est mon temps que tu prends, avoue la mère à sa fille), côtoie la fantaisie (la délicieuse rencontre entre l’héroïne et le paléontologue).
Imprévu, insolite, incertitude, énigme fantastique, mystère métaphysique.., au spectateur de trouver son chemin à travers cet OTNI (Objet théâtral non identifié) gorgé d’inventions, peu avare d’émotions et d’une parfaite exécution.
Les Incrédules : 17H, Opéra du Grand Avignon. Jusqu’au 25 juillet.
Réservations : https://festival-avignon.com/fr/edition-2025/programmation/les-incredules-351474
Photographies : Christophe Raynaud de Lage.