Amours chiennes

 

Marie-Hélène Goudet apprécie les caractères aux inclinations hors-normes. Avec Moi vivante, son précédent seule en scène, l’auteure-interprète plongeait dans la tête d’une certaine Ferdinande, magnétisée, dès son plus jeune âge, par les annonces nécrologiques. Dans un registre moins extravagant, Son odeur après la pluie porte à la scène le roman homonyme, écrit par Cédric Sapin-Dufour et publié en 2023 aux éditions Stock.

Du coup de foudre dans le chenil, jusqu’au recueillement des derniers instants, treize années plus tard, le récit s’assimile à un chant d’amour, à l’égard de Ubac, chien bouvier bernois, recueilli au hasard d’une petite annonce.

Pour mener à bien son entreprise, l’interprète sollicite Véronique Boutonnet, comédienne-metteure en scène, rompue à l’adaptation : Martin Eden (Jack London), Le Comte de Monte-Cristo (Alexandre Dumas) ou encore Un homme qui dort (Georges Perec), créé lors du Off Avignon 2024.

 

D’observations en anecdotes, au gré de longues promenades, la dédicace élégiaque pointe des attachements déjà perceptibles dans Moi Vivante. Car Marie-Hélène Goudet, elle aime la terre, ses splendeurs, ses parfums, ses tourments, ses mystères. Elle s’attarde sur son humanité rugueuse et s’accorde à sa faune chimérique, à son bestiaire domestique.

Son odeur après la pluie, respire cette ferveur, restituée dans une scrupuleuse exaltation. Enfin, Il y a les mots. La prose de Moi vivante semblait issue d’une plume, émule de Marcel Pagnol pour la précision bonhomme et Michel Audiard, orfèvre de la noirceur pittoresque.

Cette fois, la comédienne s’empare des phrases de Cédric Sapin-Dufour. Une langue ciselée et concise qu’elle répand au cœur du bois de bouleaux érigé et éclairé par Richard Arselin.

Une précision en fin, à l’unisson de sa partition d’amours chiennes, la proposition ne verse jamais dans les facilités anthropomorphiques. Et ce n’est pas la moindre de ses qualités.

Son odeur après la pluie : 11h50, Théâtre du Petit Chien

Du 3 septembre au 9 novembre, du mercredi au dimanche, Théâtre du Lucernaire Paris;

Photographies : Luca Lomazzi.

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