Un peu d’histoire, The Sonics désigne un groupe rock en activité entre 1963 et 1968, du côté de Tacoma, en banlieue de Seattle, état de Washington. Instruments saturés, batteur cogneur, chanteur en sur-régime, les cinq musicos ouvrirent la voie au Rock Garage.
Au début des années 80, un spot publicitaire illustré par l’une de leur composition, incite le pianiste Gerry Roslie à reformer les Sonics. Entre-temps et sans s’en rendre compte, les gars de Tacoma furent une inspiration pour Bruce Springsteen et Nirvana.
Au même titre que Sugar Man (2012), film documentaire sur la résurrection de Cisto Rodriguez (1942-2023), chanteur guitariste aux oubliettes pendant près de trente ans, puis retrouvé sur Internet, Tacoma Garage raconte le come-back de ces septuagénaires, propulsés de l’anonymat à l’iconique. À ceci près que le film n’existe pas. Du moins pas encore.
Fan de ciné, de rock et sans doute de bande dessinée, Corentin Skwara décroche le permis de fixer la tournée européenne des Sonics, avec accès au back-stage et permis d’interviewer.
Sur le plateau, dans le bric-à-brac de son garage, entre un écran et quelques instruments, le filmeur-conteur livre le carnet de route d'une équipée bien arrosée et soigneusement kilométrée. Car, de Prague à Berne, de Londres aux lueurs de l’Italie, de jour comme de nuit, le bonhomme dévore du bitume, avale des litres de bière, ingurgite des kyrielles de cafés.
Par bonheur, son épouse, aussi affairée qu’organisée, l’autorise à prendre leur voiture neuve, en attendant que Corentin revienne s’occuper, à nouveau de la maison et de leur enfant.
La projection des rushes, les anecdotes, les confidences personnelles, s’entrecoupent de virgules musicales, au cours desquelles, à la manière d’un vrai fan, le suiveur s’approprie certains morceaux du groupe.
Conçu comme un road-movie immobile, Tacoma Garage effectue l’anatomie d’une passion et décline la chronique d’une utopie. Mais le récit se double d’une fine observation des courants contradictoires qui traversent un collectif. Il souligne enfin les liens de confiance qui cimentent un couple, qui à défaut d’être déconstruit, s’est harmonieusement structuré.
Certes, You can’t always get that you want, sonne la fin du périple. Quoi qu'il en soit et au nom de tous les beautiful loosers, Tacoma Garage enchaîne de savoureux et toniques échantillons de passion et d’amour.
Tacoma Garage : 16H, Théâtre Transversal. Jusqu’au 26 juillet.
Réservations : https://theatretransversal.com/
Photographies : Debby Termonia