Bruno Pradet affectionne les collectifs et les hybridations. Preuve en est une nouvelle pièce qui anime huit danseurs à parité, sur une bande musicale où les samples synthétiques se combinent avec les sonorités primitives de la vielle à roue.
À cette griffe, se greffe un accessoire, une texture : de fines lanières de tissus, comme des chutes récupérées sur le sol d’un atelier de confection. Ces lambeaux figurent tour à tour des algues qui enveloppent des humains naufragés, des fils qui tissent de nouvelles vêtures, les mailles d’une toile qui enserre ou relie, selon ses affectations. Voire encore des codes-barres qui enserrent le périmètre à danser.
Empêtrés dans ces fines pellicules, confinés, accablés par un rai de lumière qui paralyse au sol, les unes et les autres manifestent, gesticulent, se ramassent, se regroupent. Empruntées au krump, au hip-hop.., les figures chorégraphiques se ponctuent de bribes lyriques ou de volées beatbox.
De loin si près rêve le réveil d’une humanité et, à ce titre, prend le contre-pied des inspirations dystopiques du moment. Bruno Pradet prône l’énergie, exalte le mouvement, dompte la lumière, projette les couleurs. Chuter, revenir, réparer. Se mettre debout. Et tout recommencer.
De loin si près : 18H15, Centre de Développement chorégraphique National d’Avignon. Jusqu’au 20 juillet. Relâche le 15 juillet.
Réservations : https://www.hivernales-avignon.com/on-y-danse-aussi-l-ete-2025
Photographies : Alain Scherer.