Cet été, le Théâtre des Doms entame sa journée en configuration bi-frontale. Dès l'entrée, les spectateurs se répartissent de part et d’autre d'une allée comme dans un défilé de mode. Et justement dans FAST il est question d’allure, d'apparence, de vêtements.
À l’origine du projet se trouve un tee-shirt affublé de son étiquette, que Didier Poiteaux déniche au fond d'une armoire. La découverte de cette fringue achetée mais jamais portée, amorce un réflexion, déclenche une recherche, génère un spectacle.
S’il s’ouvre par cette anecdote, FAST se poursuit par un retour vers les origines de la mode. Attributs de supériorité chez les nobles, parures de parvenu pour les bourgeois, les vêtures sont, depuis le moyen-âge, à l’origine d’une escalade de la vanité qui agrège une course en avant, génératrice d'inflation et quelques législations.
Aux côtés de Olivier Lenel, Didier Poiteaux expose le fruit de ses recherches, de part et d’autre de cette allée où s’entrecroisent repères historiques, considérations psychologiques et analyses économiques. La littérature n’est pas en reste grâce à une citation de Georges Perec (1936-1982) qui, dès son premier roman Les Choses, publié en 1965, au cœur des Trente Glorieuses, soulignait le processus d’aliénation induit par le culte de la consommation.
Produire plus pour gagner plus, entretenir les désirs, rester compétitif sans affecter les dividendes ; de cette équation naquit la fast-fashion, source de prédations sociales et environnementales.
Solidement documentée, la proposition voyage dans l’Histoire, s’aventure dans les têtes, traverse les continents. Du coton aux cartons (d’emballage), le propos est dense, les démonstrations limpides et les discoureurs vifs et concis.
Ni activistes rigoristes ni fashion victims, Olivier et Didier professent un didactisme à l’écart des imprécations. Acheter moins et s’habiller mieux. Se saper responsable, histoire d’entretenir son apparence et recadrer son état d’esprit. Des câlins pas des magasins ! On prend.
FAST : 10H30, jusqu’au 26 juillet. Relâche le mercredi.
Réservations : https://lesdoms.eu/
Photographies : Inti Compagnie.