Smith Wesson et Maria

 

Nous n’allons pas vous laisser partir comme ça.

Qui ça nous ?

Smith Wesson et moi.

Cet échange précède la première utilisation du Magnun 357 (9mm), arme de service de l’inspecteur Harry Callahan, alias Clint Eastwood, héros de L’Inspecteur Harry, classique du polar urbain, réalisé en 1971 par Don Siegel (1912-1991). Le même ustensile sommeille, quelque part dans le Sud de l’Italie, dans un tiroir de la maison de Maria.

Jusqu’à ce jour où la jeune femme se saisit du flingue et traverse le village avec la ferme décision de s’en servir. Sur ses pas, se greffe une impressionnante procession.

Le soleil brûlant, la robe rouge, les visages fermés, le calibre à la main..,La Sœur de Jesus-Christ est un spectacle où l’on voit les images. Au plateau, accompagné par son Ennio Morricone, alias Florence Sauveur, violoncelliste multi-instrumentiste, Félix Vannoorenberghe restitue le cortège mortifère, dont l’ampleur se fixe au diapason de la garde-robe qui tapisse, peu à peu, le fond de scène.

L’auteur italien Oscar de Summa, utilise le trajet de Maria comme la colonne vertébrale d’une narration qui jongle avec les registres : tension, romance, humour, en particulier dans la description des bonhommes à crampons qui courent après un ballon. A cet effet, Félix Vannoorenberghe s’avère un bateleur attentif à la nuance, tant qu'à la truculence.

En chemin, se dessine les us et coutumes d’une communauté au sein de laquelle il n’est pas bon d’être d’une beauté fatigante. Comme l’on peut s’en douter, les déterminismes de genre et la loi du silence, constituent le carburant principal du récit. Mais la composition hétérogène de l’équipage, les tonalités contrastées des retours en arrière, insufflent nuance et dialectique dans l’approche de la situation.

Comme dans tout bon western, la marche se termine par un face-à-face. Mais, là encore, tout ne passe pas comme autrefois.

L’efficacité du conte, le charisme du conteur, les ponctuations inspirées de la musicienne, l’invention esthétique propre aux accessoires, participent à la réussite de la proposition qui se suit comme polar sicilien de Damiano Diamani (1922-2013), auteur du formidable La Moglia piu bella (1970), traduit en français par Seule contre la mafia, le premier et l’un des plus beaux rôles de la forcément sublime Ornella Muti.

Enfin quid de La Sœur de Jésus-Christ ? Pour découvrir le fin mot du titre et à l’instar de la verve caustique du texte de Oscar de Summa, il suffit d’aller voir ce spectacle haletant, subtil et bigarré.

La Sœur de Jésus-Christ :  16H, Théâtre des doms. Jusqu’au 26 juillet. Relâche le mercredi.

Réservations : https://lesdoms.eu/spectacle/la-soeur-de-jesus-christ/

Photographies : LARA-HERBINIAWEB, EDA.

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