Tu peux me prendre dans tes bras ?

 

Les Fils de la terre (2017) d’après le documentaire d’Édouard Bergeon, Ressources humaines (2022) inspiré du film de Laurent Cantet ; Élise Noiraud aime porter le travail au plateau.

Toutes les autres examine les rapports entre un aide-soignant et sa bénéficiaire. Détail d’importance : suite à un accident automobile Clémence (Kimiko Katamura) a depuis trois ans perdu l’usage de ses jambes. La jeune femme sollicite les services d’Antoine (Stéphane Hausauer), infirmier à domicile reconverti accompagnant sexuel.

Signé Clotilde Cavaroc, le texte développe le court-métrage (6 mn) qu’elle réalisa en 2022, avec les mêmes interprètes. Si le film s’appuie sur un bref quiproquo, la proposition théâtrale développe la relation à travers une suite de consultations.

De séance en séance, se mesure la détresse face à la montée du désir, endiguée par la perte d’une partie des sensations. S’examinent, par ailleurs, les pratiques attentives d’un professionnel au quotidien strictement cloisonné.

Peu à peu, les approches hésitantes s’estompent derrière une confiance teintée de sympathie. Puis, comme l’on peut s’y attendre, les sentiments viennent tout complexifier.

Elle est en demande, lui est à disposition. L’ironie souriante de Clémence, le sang-froid apaisant d’Antoine, se jaugent, s’approchent, s’enlacent, communient dans une chorégraphie des corps, à la fois délicate et suggestive.

Toutes les autres travaille les codes de la romance (voire de la comédie romantique), au prisme de la santé et l’équilibre affectif des personnes valides et handicapées. La situation et ses évolutions questionnent l’ostracisme émotif qui affecte les êtres empêchés. Elle souligne encore le statut hors-la-loi des assistants sexuels dont les activités sont assimilées, en France, à de la prostitution.

J’aime quand c’est simple.

Extraite des échanges, la phrase apparaît comme un doux euphémisme au gré de cette brève rencontre qui, à travers une trame soigneusement documentée, tisse un fil romanesque, tiré par une réalisation concise et des interprètes à l'unisson dans les égards et la sensibilité.

Toutes les autres : 15h55, du 5 au 26 juillet, Artéphile Théâtre. Relâche le dimanche.

Photographies : Clément Sautet.

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