Entre un fauteuil et une méridienne, Céline Roux et Samuel Churin donnent corps à plus de trente années (1962-1995) d’une correspondance adressée par François Mitterrand à Anne Pingeot.
L’adaptation de Alice Faure transforme ces missives à sens unique en écriture à deux voix. Lui gravit les marches du pouvoir. Elle, les échelons des Musées de France. François cloisonnait et Anne se glissait dans les cases. Saint-Cloud, Chantilly, Ville-d’Avray.. , la litanie des communes égrène d’intenses cinq à sept.
Lettres à Anne dresse la chronique d’une passion où la plénitude des escapades alterne avec les tourments de l’éloignement. La correspondance se teinte d’arrière plans politiques (l’apparition de policiers auprès de Anne dès l’élection de François à l’Elysée) et de l’anatomie d’une singulière organisation amoureuse (l’absence de Danielle, la légitime, dans les derniers moments).
Mais ce rendu épistolaire demeure avant tout un éloge du style et la langue, comme complément ou supplétif au vertige des sens.
J’ai enseveli ta rose dans Proust. Pas de doute, il savait écrire le Président.
Lettres à Anne : 17H30, Scala Provence. Jusqu'au 27 juillet. Relâche le lundi.
Réservations : https://lascala-provence.fr/
Photographies : Mathieu Rapilly.