Au commencement de cette Trilogie des contes immoraux il y a une amazone venue de temps anciens ou d'un monde éloigné. Sur le vaste plateau de l'Opéra-Confluence, la guerrière assemble de larges plaques cartonnées. 60 minutes et quelques rouleaux d'adhésif plus tard, trône un Parthénon, une temple du peuple. Impressionnant! Survient un déluge qui rince l'édifice, le ravine pour le compte, Mais voilà que tombée des cieux une plate forme se pose sur la scène (toujours aussi vaste). Aussitôt 4 fourmis-acrobates s'attellent à un imposant château de cartes. Les ouvriers sont harangués par une Cruella en semelles compensées. La prêtresse surélevée lance ses diatribes dans un sabir anglo-germano-néerlandais..., non sur titré ( la production vise l'international et les festivaliers sont des polyglottes accomplis).
90 minutes après, une tour surplombe l'assemblée. On a les monuments qu'on peut et les guides qu'on mérite... (message!) . S'il capte l'intérêt à son ouverture, le son (à fond les ballons) et lumière orchestré par Phia Ménard érode l'attention dans cette interminable érection. Pendant que l'on éructe, que l'on s'échigne, reviennent à l'esprit Guilio Cesare (1997), Genesi (1999), Berlin (2006) visions dantesques délivrées à Avignon par Romeo Castellucci. Le parallèle est douloureux car outre les mystères de sa fabrication, le gigantisme du maître italien témoigne d'une autre hauteur de vue et d'un vrai esprit de concision.
Certes on réfléchit aussi dans cette Trilogie: " La machine est ma vie, la machine est mon dieu", psalmodié ad libitum, voilà qui vous chamboule la conscience. On ressort des trois heures de ce Lego à priori conquérant avec un respect teinté d'admiration pour la constructrice et les bâtisseurs. Mais l'on demeure attristé qu'une telle débauche d'énergie et de moyens soit mise au service d'une pensée si limitée.
Dommage, ça partait plutôt bien... .
Du 19 au 25 juillet, 17H, Opéra-Confluence. Relâche le 22.
Photographies: Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon.