Ah si j’étais riche

Actualité du 14/07/2021

Lorsqu’on monte un vaudeville de Feydeau ou un opéra bouffe d’Offenbach, on peut éventuellement élaguer de temps à autre mais il faut suivre avant tout. On se cale sur les mélodies ou sur la mécanique, glissant par ci par là quelques allusions, clins d’œil qui soulignent que vénalités et vanités d’autrefois restent parfaitement intactes dans notre ère connectée.

Le 66 est une opérette en 1 acte écrite en 1856 par Jacques Offenbach. Il y est question de romance et de loterie, un numéro gagnant précipite Frantz, dans une opulence qui le détourne de sa douce Grittly. Le parvenu entre en confiance avec un bonimenteur peu avare d’arrières pensées. Vive l’abondance, vive les écus !, quelques refrains et coups de théâtre plus tard, il apparaît que si la bêtise et l’épargne font rarement bon ménage, un mariage ne constitue pas forcément un heureux dénouement.

De jeux d’argent en dés pipés. Victoria Duhamel mène la production comme un road movie tyrolien, jalonné d’obstacles et de mirages. Souvent interactif, l’accompagnement musical est assuré par une clarinettiste anxieuse, un pianiste distrait et un tromboniste sévère. Trois musiciens associés à un trio vocal: Lara Neumann confirme la fantaisie découverte dans Mademoiselle Nitouche, opérette mise en scène par Pierre-André Weitz, Paul Alexandre-Dubois campe un chauffeur de salle digne d’un divertissement de grande écoute. Flannan Obé est un benêt tout en jambe, souverainement ridicule.

Deux ans après L’amour vainqueur* écrit et mis en scène par Olivier Py, l’opérette est à nouveau à l’honneur du Festival d’Avignon. Sautillant, impertinent, Le 66 démontre à son tour qu’il n’y a pas de genre mineurs mais simplement des spectacles plus ou moins réussis ou ratés. A ce titre, cette parenthèse Offenbach constitue le meilleur moyen d’attaquer la journée ou de traverser l’après midi.

Du 13 au 16 juillet, 11H et 15H chapelle des pénitents blancs.

* L'amour vainqueur est diffusé le 23 juillet sur France5 à 20H50

 

Photographies: Christophe Raynaud de Lage.

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