Dès l’ouverture on est tétanisé par un feulement roque. Du plus profond d’elle même Penthésilée reine des amazones voue aux gémonies Achille, son ennemi, son premier et unique amour. Après la bataille, la guerrière intègre un corps masculin à terre avant de renaître illuminée d’une sage puissance.
Penthésilé.e.s au pluriel, le texte de Marie Dilasser raconte une trinité ; en mode inclusif, l’écriture est dégenrée. Masculin ? Féminin ? Qu’importe « Nous sommes tous dans le même panier à salade et dans ce panier à salade on doit s’organiser ».
De l’imprécation viscérale à l’exhortation majestueuse, Laeticia Guedon fédère des solistes: Marie-Pascale Dubé orfèvre du chant de gorge, Lorry Hardel ulcérée, apaisée toute en aura martiale. Seydou Boro met sa science du corps et de la danse dans la silhouette brisée d’un combattant vaincu. Les chants d’un quatuor céleste enveloppent un autel de lumières et d’images, champ de tous les mystères. Ici il ne s’agit pas d’additionner les langages au nom d’une modernité mais de les combiner au service d’une liturgie souveraine, d’une prière d’espoir qui portent au plus haut l’art de l’indiscipline.
Du 6 au 13 juillet, 16H, Tinel de la chartreuse Villeneuve lez Avignon.
Photographies: Christophe Raynaud de Lage.