Sur la scène de la cour d’honneur, des projecteurs, des flight-cases, d’énormes réflecteurs. Un film se tourne dans le Palais des papes. L’équipe est partie, la nuit est tombée. Le moment est propice pour la rencontre entre les fantômes du cinéma et les spectres du monument. Telles des boîtes de Pandore, les malles s’ouvrent sur des lumières, sur des mystères. Des ombres apparaissent, des hydres, des mille pattes se forment, se déforment. Des costumes s’animent l’espace d’une saisissante danse cagoulée.
Avec Sonoma (le son du corps), le chorégraphe valencian Marcos Mauro signe une pièce où la symbolique du Palais se confronte à l’univers de Luis Buñuel (1900-1983) qui, comme beaucoup de cinéastes nourris de chrétienté, fut à la fois fasciné par l’art sacré et révulsé par le dogmes fanatiques. Entre sabbat et liturgie, huit danseuses réinventent la béatification, réécrivent les sacrements. Elles chantent, elles virevoltent tantôt derviches tourneuses, tantôt adeptes du Krump, du Flexing et autres pratiques urbaines.
Les ombres dansent, les ombres s’amusent, toujours à fond les ballons, toujours dans l'harmonie et une infime précision. Au terme cette tornade empanachée, les pythies se proclament ferments d’une proche révolution. D’où il est, Dom Luis a du bien s’amuser.
Du 21 au 25 juillet, cour d’honneur du Palais des papes. Relâche le 23.