De l'étude de couple au portrait de famille

Actualité du 19/07/2021

 

L’expérience est courante. Le résultat est captivant. A l’origine, Une femme en pièces est une pièce de théâtre écrite par Kata Wéber, mise en scène par Kornel Mundruczo (tous deux de nationalité hongroise). La production fut créée en décembre 2018 par les acteurs du TR Warszawa de Varsovie. Financée par Netflix, une version cinéma du projet fut présentée et primée, en septembre 2020 au Festival de Venise ( Coupe Volpi de la meilleure actrice pour Vanessa Kirby). La proposition originelle se joue, cet été, jusqu’à la fin du Festival d’Avignon. La pièce et le film progressent en deux tableaux. Dans le premier l’on assiste à un accouchement malheureux. Dans le second on observe les dommages collatéraux. Dans le film, l’accouchement à domicile est capté caméra à l’épaule, au plus près de la mère, du père et de la sage femme. Le procédé est reconduit au plateau, les images sont projetées en direct sur la façade du mobil-home où résident Maja et son époux.

 

A la scène et à l’écran, les seconds volets optent pour des résolutions différentes. Produit par de l’argent américain, tourné au Canada, le film se concentre sur la dépression de Martha et la déréliction de son couple. La chute est activée par une mère en perte d’emprise. Un procès est intenté contre la sage femme. Pieces of a woman renvoie à Faces (1968), les éclats, les latences de John Cassavetes recyclés dans un film de prétoire, genre éminemment hollywoodien.  Au théâtre, l’habitation précaire dévoile un intérieur plus cossu. Nous somme dans une villa de CSG+ polonais. Taxidermiste à ses heures, la mère reçoit ses deux filles (dont Maja), leur conjoint et une avocate amie. L’approche entomologiste du film cède la place à un portrait de parvenus, rescapés du socialisme, au sein duquel les dames tiennent une large partie des rênes.

 

 

Une femme en pièces révèle le volet extérieur de la détresse de Kata. Confrontée à un mère qui fixe le temps dans ses naturalisations, face à une sœur-complice-rivale, qui se pique de politique, le vilain petit canard maintient le cap et garde la tête hors de l’eau. Le calvinisme anglosaxon au cinéma cède la place au théâtre à l’empirisme slave et au fatalisme catholique. Au fil de ce projet qui accommode multiplicité des points de vue et impératifs de production, Kata Wéber et Kornel Mundruczo apportent un réponse, intelligente et talentueuse aux diktats des standardisations mondialisées.

Du 17 au 25 juillet, Gymnase Aubanel, Relâche le 21.

Woman in pieces est l'objet d'une projection unique dans les salles Utopia (le 19 juillet 11h). Sur ces mêmes écrans, Kornel Mundruczo accompagnera deux autres réalisations: White dog,2014 (le 19 juillet 14H) et La lune de Jupiter 2017 (le 20 juillet 11H).

Photographies du spectacle: Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon

Retour à la liste des articles