L'utopie du Festival se prolonge à Utopia

Actualité du 28/06/2021

« Avoir du cinéma dans la cour d’honneur », ce souhait de Jean Vilar aboutit en 1967 à la projection légendaire, de La chinoise de Jean-Luc Godard. Dés l’année suivante, Jacques Robert, proche d’Henri Langlois le cofondateur avec Jean Mitry et Georges Franju de la Cinémathèque française (1936), met en place les Rencontres cinématographiques du Festival d'Avignon, un « gigantesque ciné-club » qui alterne des films sélectionnés au Festival de Cannes (annulé cette année là) et des œuvres de répertoire.

Ce principe proposera 15 années d’avant premières et rétrospectives : Buster Keaton, John Ford, Akira Kurosawa, la comédie italienne, Joseph Mankiewicz en sa présence (1980). Jacques Robert quitte ses fonctions en 1982 suite à des différends avec Bernard Faivre d’Arcier. A la tête du Festival depuis 1980, celui-ci estime que l’esprit des Rencontres, entre recherche et patrimoine, doublonne avec le travail des salles art et essai désormais bien implantées sur le territoire (naissance des salles Utopia à Avignon en 1976). Le cinéma demeurera dans des programmations conduites par le critique Jean-Luc Douin puis Jacques Robert (réintégré en 1985 par le nouveau directeur Alain Crombecque), Christian Bélaygue, restaurateur de films, avant de disparaître à partir de 1996.

 

Les Territoires cinématographiques marquent le retour du 7ème Art en 2009. Imaginés au début de leur second mandat par les directeurs Hortense Archambault et Vincent Baudriller, ces itinéraires à travers des films réalisés ou choisis par les artistes invités ou des associations accompagnées (Amnesty International, Maison Jean Vilar) plus une sélection jeune public, perdurent et constituent l’un des axes majeurs du juillet des salles Utopia.

 

Cette année, près de 35 séances sont programmées. Caroline Guiela Nguyen, Milo Rau, Christiane Jatahy, Emma Dante... accompagneront leur réalisation. Kornèl Mondruczo présentera la version cinématographique d’une Femme en pièce présentée au gymnase Aubanel. Par ailleurs, le dramaturge-cinéaste Magyar accompagnera une mini rétrospective composée de White Dog (2014) et La lune de Jupiter (2017), qui abordent l’émergence totalitaire et les phénomènes migratoires à travers les codes du Fantastique. Variation imposante sur le pouvoir et la capacité de donner la mort, Le diable n’existe pas, nouvel opus du cinéaste Iranien Mohammad Rassoulof (Ours d’or festival de Berlin 2020), sera projeté en avant première sous l’égide d’Amnesty International France.

 

Au delà de ces « territoires », Utopia affiche les sorties du moment, une rétrospective Roberto Rossellini et des avant premières coup de cœur : Terre des hommes  dans lequel Naël Marandin combine avec intensité les thèmes du harcèlement et de la transmission. Dans Un triomphe Kad Merad transporte l’univers de Samuel Beckett dans le monde carcéral. Cette comédie documentée entre en écho avec le travail entrepris depuis plusieurs festivals par Olivier Py avec certains détenus de la prison du Pontet. Bien entendu les premiers films de la sélection cannoise (du 6 au 17 juillet) complètent la programmation. Cerise en plus, Utopia accueille le 18 juillet, un dialogue croisé entre Olivier Py et Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes. Cerise en moins, pas de rencontres autour d'un film avec Nicole Garcia et Isabelle Huppert.

Les territoires cinématographiques 2021 du 7 au 25 juillet Utopia Manutention.

La Gazette d’Utopia du 30 juin au 3 aout.

Sophie Zamichiei et Patrick Guivarc’h commentent les choix et coups de cœur de l’imposante gazette des Cinémas Utopia.

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