Le changement c’est maintenant.

Actualité du 06/07/2021

Une fois posés dans leur fauteuil, à présent rabattable, les spectateurs de la 6éme cour découvrent sur scène les sièges en plastique tressé de l’ancienne structure, inaugurée en 2002 avec Platonov… d’Anton Tchekov. Si l’on ajoute que la proposition est réalisée par Tiago Rodrigues, fraîchement nommé à la tête du Festival à compter de 2023, pas de doute un climat de passation enveloppe cette édition déconfinée. L’espace est donc quadrillé par ces chaises fatiguées à l’image d’un domaine à l’abandon. Exilée à Paris, Lioubov Andréïevna Rannevskaïa (Isabelle Huppert) est de retour pour superviser la vente de la Cerisaie familiale. Sur place elle renoue avec ses deux filles, son frère, retrouve serviteurs et voisins… . L’atmosphère est à l’allégresse des retrouvailles, à la désinvolture qui colmate les failles et les rancœurs. Chacun pérore, papillonne, cultive l’anecdote pour éviter les choses sérieuses et douloureuses.

Le gradinnage a changé mais le plateau n’a pas bougé et reste toujours aussi âpre à occuper. Sur cette terre d’épopée et d’action, il y a un défi à développer une comédie toute en regrets et hésitations. Il y a une gageure à y installer une communauté à l'arrêt, prête à se dissoudre dans une transaction. Tiago Rodrigues donne le change, convoque la danse, invente de majestueux arbres de lumière qui vont, qui viennent et sous lesquels s’affaire un chœur antique électro. La distribution métissée souligne que sans frontières ni mémoire, l’argent reste partout déterminant. L’élégance est partout, légère, nonchalante, baignée de cette fameuse mélancolie  joyeuse  chère à l’auteur et son metteur en scène. Au début on applaudit à tout rompre les trompettes du Festival qui nous ont tant manqués. A la fin on remercie  comme il se doit des artistes impeccables qui ont beaucoup donné. A défaut de nous avoir renversés.

Obrigada.

Du 5 au 17 juillet, 22H, Cour d'honneur du Palais des papes. Relâche le 7 et le 13.

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