Temps sans pitié

Actualité du 06/07/2021

Projeté lors du Festival de Cannes 2003, Dogville nous transportait dans l’Amérique des années 30. Grâce, jeune femme en fuite, se réfugiait dans un village des Rocky Mountains. La fugitive devenait peu à peu l’esclave d’une communauté dispensée de shérif et de pasteur.

Narration chapitrée, commentaire off façon chœur antique, décor stylisés par des tracés à même le sol, les audaces esthétiques de Lars Von Trier tiraient l’entreprise vers les conventions du théâtre. 18 ans plus tard Christiane Jatahy porte Dogville sur une scène, sans pour autant dédaigner l’image et les artifices du cinéma.

Dans Entre chien et loup Grace devient Graça. Cette exilée du Brésil, se retrouve, de nos jours, dans un théâtre où des comédiens (donc des personnes éduquées) travaillent sur l’adaptation de Dogville. Théâtre dans le théâtre, prééminence des écrans et de la caméra, au delà du dispositif proche de l’usine à gaz, la proposition permet de « réviser » son modèle filmé.

Au début des années 2000, Dogville déroulait une évocation virtuose des travers de la lointaine Amérique. En 2021, la démarche de Jatahy actualise et dote d’une puissance inédite sa référence de départ. A l’horizon toujours pas de représentant de l’ordre, ni de guide spirituel, mais des réseaux sociaux pour célébrer la liberté et accélérer les instincts grégaires. A l’heure d’une société ubérisée, où l’asservissement des plus plus faibles a désormais pignon sur rue, le calvaire de Graça frappe à nos portes. Entre chien loup nous l’enfonce bien dans la tête et confirme que, souvent controversé, Lars Von Trier reste un magistral créateur de formes doublé, hélas, d’un visionnaire d’exception.

Du 7 au 12 juillet, 15H, Autre scène Vedène. Relâche le 7.

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