Au Théâtre des Halles, sur le petit espace de la chapelle Sainte Claire : une cage de verre à l’épreuve de tout. L’équipement a été fabriqué aux mesures d’un homme qui a consacré une partie de sa vie, plus précisément de 1942 à 1945, à convoyer des humains : juifs, tziganes.. dans des wagons à bestiaux. Après la défaite de l’Allemagne, l’officier SS Adolf Heichmann se réfugie en Argentine. En 1960 il est capturé par les services secrets israéliens qui le transfèrent en Israël pour y être jugé. Un compte rendu du procès fut rédigé par Joseph Kessel.
Pour le procès Eichmann à Jérusalem, Ivan Morane se glisse dans la plume de l’écrivain journaliste. Kessel n’accable pas Eichmann. Il l’observe : petites lunettes, costume sombre, chemise blanche, sous contrôle jusqu’au plus imperceptible des tremblements. Sobre, impeccable, Eichmann se cramponne à sa défense : il ne fut qu’un exécutant discipliné, efficace. Il a bien travaillé.
Kessel scrute Eichmann. Il l’écoute. Surtout il cherche à comprendre. Comment cet homme intelligent, éduqué a pu assurer la logistique d’un génocide planifié. Ivan Morane respecte la neutralité du compte rendu journalistique. Au delà de la colère, de l’aversion émerge l’incompréhension face à l’énigme Eichmann. Cette approche de l’insondable, Ivan Morane la porte au plateau au moment où bien des pays inclinent à nouveau vers ce versant opaque de l’humanité. Au terme du procès Eichmann à Jérusalem, le verdict tombe mais le mystère reste entier. Plus menaçant que jamais.
Du 7 au 30 juillet, 19H, Relâche les 13, 20, 27.