Copier c’est jouer

Actualité du 06/07/2021

Avoir deux sosies dans le même immeuble ne contribue pas vraiment à la paix des voisinages. Depuis qu’il a découvert, sur l’affiche punaisée à la boulangerie, que Bernie alias Little Johnny Rock double son concert en discothèque, Momo dit Le Gainz ne tarit pas d’aigreur. L’effacement son épouse, le désarroi de son fils tiraillé entre deux prénoms, assouvissent peu son humeur.

L’identité, qu’on endosse, qu’on ignore, que l’on travestit constitue la pierre angulaire de Sosies. Le texte de Rémi De Vos met en jeu 6 caractères en rupture ou en quête d’eux même. Une recherche du soi que la mise en scène d’Alain Timàr partage entre une table de cuisine et un banc public. Éléments de langage désincarnés pour Débrayages, interjections ordurières dans Occident.., l’art de Remi De Vos réside dans l’adaptabilité de sa langue. Sosies est parsemé d’allusions aux de refrains ou à la vie des icônes de la variété, autant de références schizophréniques pour les protagonistes.

« Quand je tonds la pelouse, ce n’est pas le Gainz qui tient la tondeuse ! », si les anciens se cachent derrière des célébrités sacralisées, les jeunes s’évadent dans des rêves de bonheur lyophilisé. C’est bien vu, voire implacable. Ce n’est pas très réjouissant et c’est pourtant très drôle. La partition vigoureuse est portée par un sextuor savamment désaccordé. On sourit, on rit mais jamais en surplomb de ces loosers défraîchis, de ces rebelles inoffensifs qui continuent à vivre avec les chagrins du bord. Comme dans une chanson de Johnny ou une complainte de Gainsbourg.

Du 7 au 30 juillet, 19H, Relâche les 13, 20, 27.

Photographies : Barbara Buchmann.

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