Florilège N°2

Actualité du 24/07/2021

 

DADAA DUO

Après avoir ôté ses chaussures, on entre dans un salon, accueilli par un monsieur en tenue de soirée, l’hôte est courtois même si l’on ne comprend rien à ce qu’il dit. Lorsqu’elle pose sa clarinette, la dame à ses côtés esquisse de jolis pas dansés. Dadaa duo est une incursion dans les prémices de l’art abstrait et du mouvement Dada en particulier.

Même si on ne les identifie pas, les musiques minimalistes d’Erik Satie, les poèmes abscons d’Hugo Ball, les reliefs de SophieTauber-Arp, les géométries colorées de Mondrian participent d’un univers insolite et joyeux, conforme à l’esprit garnement de cet immense mouvement artistique du début du XXème siècle. Un moment d’éveil savant, à partager dès le plus jeune âge.

9H45 et 11H40, Totem-Maison du théâtre pour enfants. Relâche le 25.

Toujours au Totem et dans le même esprit d’éveil artistique pluridisciplinaire, ne pas rater à 10H20, Lumière ! So jazz autour de l’histoire et l’écoute de la musique et des percussions.

 

NOIR ET HUMIDE

Lene profite de l’absence de sa mère pour transgresser une interdiction : descendre à la cave, là où se cachent des choses noires et humides qu’elle ne connaît  pas. L’écrivain norvégien Jon Fosse est à l’origine de Noir et humide. A force de ressassements, le conte initiatique rappelle la puissance des pulsions enfantines et l’envie de surmonter la peur et l’interdit. Frédéric Garbe agence une expérience sensorielle qui associe musique, image, le visage et la voix de Camille Carraz. La comédienne traduit toutes les nuances de ce conte enfantin qui se suit comme un récit à suspense où le danger croise la naïveté.
Interview de Camille Carraz et Frédéric Garbe sur le site.

Du 7 au 31 juillet,10H45, Théâtre Transversal. Relâche le 27 juillet.

 

 

PARKOUR

Une émission de radio, la nuit, où à priori l’on a plus le temps de prendre son temps. Un animateur raconte l’itinéraire de Katia B. La jeune fille s’enfuie de sa cité pour échapper à un mariage arrangé. Elle décide d’entrer dans la police. Ce parcours hors norme dessine le portrait d’une nation fragmentée où intégrer les force de l’ordre devient un moyen d’avoir la paix. La forme radiophonique est originale, même si dans les programmes nocturnes, il n’y pas autant de remontées musicales.

Du 7 au 31 juillet, 11H45, Théâtre Transversal.

 

MASSACRE A LA POEZIE

Un spectacle sur une répétition. Mina Poe se démultiplie, change plusieurs fois de peau et de voix dans ce travail qui montre le travail, ses éclairs et ses doutes, ses communions et ses confrontations. La proposition est jalonnée de textes d’Emilie Brontë, Marie Laurencin, Li Qingzhao et bien d’autres, du XVIème siècle à nos jours, des Highlands à l'orient extrême, via les Balkans.

Mais d’autres questions se posent : avec ou sans musique ? Version originale ou version doublée ? Au delà des aléas d’une gestation, Massacre à la poéZie déroule un panorama de la précarité des artistes, la fragilité du collectif, la volatilité des intérêts lorsqu’on se détourne de la facilité.

Article complet sur le site.

Du 7 au 31 juillet, 12H25, Le grand pavois. Relâche le 27.

 

LE JOURNAL DE L’ANNEE DE LA PESTE

En 1665, un sellier londonien recense dans son journal les effets de la peste qui ravage la ville. Protection des riches, vulnérabilité des pauvres, faillite des pouvoirs temporels et spirituels, montée des obscurantismes..., chaque maison devient une prison, l’osmose est totale entre ce qui s’est passé au XVIIème siècle et ce que nous vivons depuis plusieurs mois. Le parallèle est renforcé par la salle minérale de la Condition des soies qui reçoit le spectacle et semble sortie du récit.

Cyril le Gris traduit, adapte et met en scène ce Journal de l'année de la peste qui a paraît-il beaucoup influencé Albert Camus. Posé et concentré, Thibaut Corion est au diapason de l’esprit et la lettre de cette découverte.

Du 7 au 31 juillet, 13H35, Condition des soies. Relâche le 26.

 

DESIR

Dans un studio une comédienne répète La Princesse de Clèves. Surgit un collègue programmé sur le même créneau. Lui ne travaille pas un texte mais des sangles acrobatiques, en vue sans doute d’une création « indisciplinée ». La cohabitation s’amorce dans la tension. Puis peu à peu, curiosité, complicité…, un courant commence à circuler.  La mise en scène de Anne-Frédérique Bourget installe un dispositif singulier où se combinent mécanique des sentiments et élans du corps. Yolande Creighton et Benoît Margottin affichent les qualités requises : ils bougent bien et parlent juste. Même si les moments comédie musicale gagneraient à être écourtés, Désir propose une approche audacieuse et une illustration inspirée de l’inaltérable modernité du classique écrit par Madame de La Fayette.

Du 7 au 28 juillet, 15H, Artéphile Théâtre, jours pairs.

 

PARFUM DE FEMME

Cinéphile avéré, Gérard Vantaggioli se base sur Il buio e il miele, roman de Giovanni Arpino (1969) à l’origine de Parfum de femme, film de Dino Risi (1975) . La pièce suit un voyage effectué par Fausto, officier aveugle flanqué de Ciccio son estafette. De Turin à Naples Ciccio découvre, souvent à ses dépends, une irascibilité, une goujaterie exacerbées par la cécité. Mais il devine peu à peu la douleur tapie derrière les caprices à répétition. Pour Fausto le voyage n’est qu’une quête de délivrance, guidée par une résolution inébranlable. Main leste, verbe haut, toujours à fleur de peau, Jean-Marc Catella s'empare du rôle hanté par l’ombre immense de Vittorio Gassman. Massif, tempétueux, en français, un peu en italien l’acteur donne le change. A la scène, Parfum de femme est un périple inscrit dans l’humeur italienne, pétrie d’emphases, de fanfaronnades, comme si la vie n’était qu’une plaisanterie. Même si on crie, on rit souvent pour ne pas pleurer.

Article complet sur le site.

Du 7 au 30 juillet, 16H, Théâtre du chien qui fume. Relâche le 26.

 

CENDRES DE MARBELLA/GARDIEN DU TEMPLE

Ziz est son nom, il a vécu son début de vie dans une cité de la ceinture rouge qui enserrait la Capitale. Par le deal, il pousse vers le centre et ses beaux quartiers. Bosseur, fiable, il va jusqu’à Marbella, plaque tournante des approvisionnements. Outre un réalisme qui relève du vécu, le diptyque écrit par Hervé Mestron témoigne d’un art du récit et d’un goût pour la langue. On écoute Ziz, on entend des mots, on voit des images venus de toutes parts, comme si Les Misérables de Ladj Li (2018) percutaient le Doulos (1962) de Jean Pierre Melville ou Razzia sur la chnouf (1953) d'Henri Decoin.

La force de Ziz passe par l’engagement de Nicolas Zaaboub-Charrier, l’acteur explose le plateau à travers l’astucieuse mise en scène de Pascal Antonini qui transporte la narration au centre de sa tête. Nourri par la vie, les classiques du roman noir, du cinéma criminel, avec un zeste de terreur et d’anticipation, Cendres de Marbella/Gardien du temple prend l’allure d’une épopée qui ressemble, qui secoue mais ne nous lâche pas.

Article complet sur le site.

Cendres de Marbella du 7 au 27 juillet, jours impairs, 16H25.

Gardien du temple du 8 AU 28 juillet, jours pairs, 13 H, Artéphile Théâtre.

 

LE PIED DE RIMBAUD.

Au coeur de la chapelle Sainte Claire nous assistons à l’éveil d’un esprit, à la naissance d’une passion. Un jeune séminariste s’offusque et s’amuse du quotidien et de la discipline qui lui sont imposés. Laurent Fréchuret s’empare notamment de Un cœur sous une soutane, La lettre du voyant d’Arthur Rimbaud pour un portrait inédit du génie-poète. Tantôt goguenard, souvent emporté, Maxime Dambrin converse avec un musicien dans ce Pied de Rimbaud qui alterne détails du quotidien et le souffle de folles utopies.

16H30, Théâtre des Halles. Relâche le 27.



 

NOTRE DERNIER VOYAGE

Heureuse initiative que de nous plonger dans les écrits de Bernard Giraudeau.

Engagé dans la Marine Nationale dès son adolescente, diplômé du conservatoire d’art dramatique, acteur vedette au théâtre et dans le cinéma français des années 80, Giraudeau s’ouvrit à l’écriture et au film documentaire dans la dernière partie de sa vie durant laquelle il dut lutter contre la maladie.

Composés d’extraits des romans Cher amour et Les dames de la nage plus des textes de Laure Renaud, Notre dernier voyage se suit comme un carnet de route ou un journal intime. Des décharges monumentales des Philippines au service d’oncologie d’un hôpital parisien, en passant par des soirées où l’on entre en scène pour mieux oublier le mal et la douleur, tout est retracé avec une lucidité et un appétit de vie restitués sans emphase par Jean Philippe Renaud.

Du 7 au 31 juillet, 17H, Théâtre Transversal.

 

ICI LOIN

Picaresque par excellence, Ici loin prend le bus suit la Ligne 14, seul tracé qui évite l’intérieur des remparts d’Avignon. Au fil des stations défilent Montclar et son quartier gitan, l’Hôpital en bord de Durance, les îlots en voie de requalification, les lieux d’enseignement… . Le carnet de voyage est alimenté par des témoignages d’habitants et des textes d’écrivains invités : Autour d’une table des comédiens s'interrogent, se confrontent. Comment allier ces matériaux ?

Partir pour aller où ? Venir pour trouver quoi ? Les questionnements s’entremêlent entre récits de vie et vagabondages intérieurs. Épaulée par les ponctuations musicales de Léa Lachat, les portraits crayonnés d’Océane Roche, sans oublier les lumières d’Eric Priano, Michelle Addala et ses interprètes composent un état des lieux à base d’espoir et de résignation, de fatalisme et de colère, de radicalité et de dérision. Centré sur Avignon, Ici loin n’en déroule pas moins une cartographie vécue, documentée et imagée de toutes nos périphéries.

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 Du 7 au 30 juillet, 17H20, L’entrepôt. Relâche le lundi.

 

LE PROCES EICHMANN A JERUSALEM

Au Théâtre des Halles, sur le petit espace de la chapelle Sainte Claire : une cage de verre à l’épreuve de tout. L’équipement a été fabriqué aux mesures d’un homme qui a consacré une partie de sa vie, de 1942 à 1945, à convoyer des humains : juifs, tziganes.. dans des wagons à bestiaux. 

Pour le Procès Eichmann à Jérusalem, Ivan Morane se glisse dans la plume de Joseph Kessel qui couvrit le procès. L’écrivain journaliste observe l’accusé : petites lunettes, costume sombre, chemise blanche, sous contrôle jusqu’au plus imperceptible des tremblements. Sobre, impeccable, Eichmann se cramponne à sa défense : il ne fut qu’un exécutant discipliné, efficace. Il a bien travaillé.

Kessel scrute Eichmann. Il l’écoute. Surtout il cherche à comprendre. Comment cet homme intelligent, éduqué a pu assurer la logistique d’un génocide planifié. Ivan Morane respecte la neutralité du compte rendu. Au terme du procès, le verdict tombe mais le mystère reste entier. Plus menaçant que jamais.

Du 7 au 30 juillet, 19H, Théâtre des Halles. Relâche le 27.



 

COMING OUT

Dès l’entrée en scène,  Mehdi-Emmanuel Djaadi annonce la couleur : il est apostat. Pas une mais deux fois. Élevé dans l’Islam (famille religieuse, école coranique...), le jeune garçon, suite à une formation théâtrale à Lausanne, bifurque vers le protestantisme. Puis face à l’ostracisme d’une certaine élite, il revient en France où il est accueilli par une communauté catholique.

Dans Coming out il se raconte, prend des accents, esquisse les postures. Les portraits alternent avec les anecdotes. On aimerait en savoir plus, connaître des détails. Mais la densité, la complexité s’incorporent difficilement dans un seul en scène. Peut-être un livre, plus tard?

Toujours est il que son Coming out se garde du prosélytisme redouté. Medhi Emmanuel Djaadi a toujours cru pour comprendre et il a cherché à comprendre pour croire. Medhi cultive une foi intime et curieuse. Il nous la raconte mais ne nous l’impose pas. On lui en est reconnaissant. On l’écoute avec attention et souvent avec amusement.

Du 7 au 31 juillet, 19H, Théâtre des Corps Saints. Relâche le 26 juillet.

 

RABUDORU POUPEE D’AMOUR

Une usine de jouets est rachetée par un groupe japonais, spécialiste es Rabudôrus, objets de confort ou Love-dolls pour être plus précis. Nora et Thierry sont mariés, lui est cadre, elle ouvrière et enceinte de leur premier enfant. Lui est à fond dans le projet. Elle y est si farouchement opposée qu’elle conduit une insurrection maison. Sur un plateau encombré d’écrans, de néons, de tables, de câbles, de portiques..., chacun fraye son chemin au sein d’un labyrinthe qui brouille à volonté éthiques et intimités.

Ambitieuse par sa facture, jalonnée d’échappées drolatiques, Rabudôru poupée d’amour est une fresque désenchantée au sein de laquelle un bien être se déniche dans quelques objets ou imitations. Pour le bonheur, le logiciel devra être changé.

Du 7 au 30 juillet, 14H. Théâtre des Halles. Relâche le 27.

 

CHTO

Dans Chto... on serait dans un couloir du métro, d'une gare, un dispensaire, un commissariat, une zone franche…. . Rafles, contrôles..., les trains, l’intérieur d’un camion, tout se bouscule dans la tête de Sveta, débarquée à Marseille pour fuir la guerre de Tchétchénie.

Sec, morcelé, ressassé, le texte de Sonia Chambretto (élaboré à partir de témoignages) se restitue dans un parlé-dansé où les sursauts du corps répondent aux saccades de la partition. Également metteure en scène, Fanny Avram se jette à corps (et chevelure) perdu dans cet oratorio dense et fulgurant. On ressort de Chto, interdit au moins de 15 ans, étourdi par la performance, ébloui par Sveta, sa lucidité, ses inquiétudes et sa folle envie de vivre.

Une priorité!

Article complet sur le site.

Jusqu’au 26 juillet, 20H25, Theâtre du train bleu.

 

TCHAIKA

La Tchaïka de Natacha Belova et Tita Iacobelli désigne une comédienne qui s’apprête à entrer en scène pour la dernière fois. La mouette d’Anton Tchekov sera son rôle ultime. Pour abréger l’attente, assouvir le trac elle joue avec un oiseau naturalisé, s’épanche ou s’exaspère sur une assistante très très proche. Elle dialogue encore avec une peluche turbulente jusqu’à l’insolence.

Entre femme à deux têtes et sœurs siamoises, Tchaïka et sa servante forment un bien étrange attelage. Tita Iacobelli brouille les cartes dans une jubilation virtuose. La maestria de l’actrice-manipulatrice dans la modulation de sa voix et la précision des mouvements donne tout son relief à la partition. Cet alliage de panache et de subtilité alimente une proposition qui renvoie au Chant du cygne, les derniers éclats d’un acteur. Une pièce écrite en 1886 par… Anton Tchekov.

Crépusculaire et brillant.

Jusqu’au 27 juillet, 21H, Théâtre des Doms. Relâche le 22.



 

LES DETACHE.E.S

Conçu à partir de rencontres avec des femmes et des hommes incarcérés, Les détaché.e.s plonge à l’intérieur d’un enfer domestique dans lequel les tabous et repères ont cessé d’être. La réussite du projet réside d’une part dans les solutions convoquées pour montrer l’immontrable et d’autre part dans l’engagement physique des interprètes. Car il ne s’agit pas de représenter la violence mais de la donner à imaginer. Un appareil domestique surdimensionné trône sur un piédestal. Normal, on sort de la représentation passablement essoré.

Une vraie découverte!

Du 7 au 29 juillet, 22H15, 11 Théâtre. Relâche le 26.



 

GHARNATA

Gharnata désigne Granada en langue arabe. Luis de la Carrasca rend hommage à sa ville natale à travers Lorca, Machado, des airs de Georges Bizet et des textes personnels où il salue l’ouverture et l’humanisme des traditions andalouses.

A ses côtés 5 musiciens et une danseuse : la fidèle et lumineuse Ana Perez. Concert-découverte d’un nouvel album, Gharnata marque aussi les retrouvailles avec la scène et le public, une joie, un plaisir qui éclairent d’une lumière particulière la nostalgie humaniste de Luis, guitariste-cantor-poète.

Du 7 au 31 juillet, 20H30, Théâtre du Chêne noir, Relâche le 26 juillet.

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