Diplômée d’école de commerce, Eloïse Mercier s’est aventurée dans le monde du travail. Elle en est ressortie avec le sujet de son premier seule en scène. Cadres de vie dressait le compte rendu d’un passage au sein d’une société corsetée entre objectifs, organigramme et éléments de langage. Des modèles réduits et des figurines Playmobil illustraient cette expérience. Car dans sa Compagnie minuscule, Eloïse Mercier préfère la macro au giga.
Les observations affûtées réapparaissent dans Une goutte d’eau dans un nuage. Une jeune femme raconte un séjour professionnel dans une grande firme installée au Vietnam, à Saïgon. Mais cette fois le ton est différent. Cadres de vie décortiquait des processus d’aliénation. Une goutte d’eau…, relate un envoûtement pour une ville, un pays, une population. Pour un homme.
Là encore, tout passe par des détails : des perles de condensation se dessinent sur une vitre, ou des sensations : une ligne de chaleur traverse l’abdomen, une main se glisse sous une étoffe… . La diseuse amène images et impressions, entourée d’un secrétaire, d’une platine tourne disque, d’un scooter-jouet et quelques décorations lumineuses… . Elle joue aussi avec son sourire et sa voix qu’elle module avec habileté autour d’un micro.
Eloîse Mercier a vécu au Vietnam comme Marguerite Duras. Eloïse admire Marguerite à qui elle emprunte la concision lancinante, mais aussi l’art de l’ambiguïté. Ce qu’elle nous raconte l’a-t-elle vécu, l’a-t-elle rêvé, l’a-t-elle souhaité ? Qu’importe, on se laisse charmer voire envoûter. La goutte d’eau s’évapore au son du blues nonchalant et désormais légendaire, composé par Carlos d’Alessio pour India Song (1975), le film le plus célèbre de Duras. L’allusion pourrait être appuyée mais auparavant Eloïse aura traversé la jungle, accompagnée par la voix rocailleuse de John Fogerty (Credence Clearwater Revival), preuve que, détrempé par la Mousson, Rock’n Roll is here to stay.
Du 7 au 31 juillet, 19h15, théâtre Transversal. Relâche le 27.