Tchaïka, en français Mouette, titre de la pièce d’Anton Tchekov dans laquelle Nina qui rêve de théâtre croise Arkadina, actrice consacrée. La Tchaïka de Natacha Belova et Tita Iacobelli est le nom d’une comédienne qui s’apprête à entrer en scène pour la dernière fois. La mouette sera son rôle ultime. Pour abréger l’attente, assouvir le trac elle joue avec un oiseau naturalisé, s’épanche ou s’exaspère sur une assistante très très proche. Elle dialogue encore avec une peluche turbulente jusqu’à l’insolence.
Entre femme à deux têtes et sœurs siamoises, Tchaïka et sa servante forment un bien étrange attelage. Somme nous dans l’imagination d'une artiste qui s’invente une assemblée? Ou est ce la servante qui se rêve suivante d’une diva ? Tita Iacobelli brouille les cartes dans une jubilation virtuose. La maestria de l’actrice-manipulatrice dans la modulation de la voix et la précision des mouvements donne tout son relief à la partition. L’ambiguïté s’étend dans un espace entre chien et loup, traversé d’une mélancolie joyeuse. Façon Tchekov. Cet alliage de panache et de subtilité alimente une proposition qui renvoie au Chant du cygne, les derniers éclats d’un acteur. Une pièce écrite en 1886 par… Anton Tchekov.
Crépusculaire et brillant.
Jusqu’au 27 juillet, 21H, Théâtre des Doms. Relâche le 22.