Ne nous quitte pas

Actualité du 11/07/2021

Michelle entre dans son demi siècle. Discours, cadeau, bouchons qui sautent, l’aide soignante-option coiffure sacrifie à la fête sous la pluie et les applaudissements. Si les rythmiques binaires des Bee Gees/Dona Summer scandent la soirée, l’esprit de Michelle résonne plutôt des complaintes de Billie Holyday, qui s’écoulaient sur l’électrophone, de l’autre côté de la Méditerranée. Son fils, Monette, La Grande sont bien là. Une blouse, une bombe de laque, du fard à paupières, rallument les éclats, ravivent les parfums, jalonnent le chemin de vie. La fête n’en finit pas, plutôt elle se répète, d’une année à l’autre. Mais les rituels se chevauchent, se brouillent. Qui est qui ? Finalement où sommes nous ?

A la base des Belles de nuit, il y a une commande passée par la metteure en scène Marie Provence à Magali Mougel. L’auteure a visité, a écouté, beaucoup, dans des maisons spécialisées. Cette collecte elle la restitue, non pas de façon factuelle, mais en se glissant dans la tête de Michelle. Un esprit qui s’efface au gré des ressassements. La montée du désordre passe par les corps, qui dansent, qui se touchent puis s’enlacent pour ne pas se perdre tout à fait. Entourée de trois partenaires, Line Wiblé endosse l’imper, la blouse, l’étonnement de Michelle qui s'égare dans le temps qui passe, sans perdre de vue le temps passé.

Surprenant, profond, délicat.

Les jours impairs, du 7 au 27 juillet, 14H55, Artéphile Théâtre.

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