Lorsqu’on entre dans la salle, Zabou est déjà là. Elle déplace un accessoire, règle un projecteur, déroule un tapis…, nous souhaite la bienvenue et nous cause de Dorothy.
Poétesse, scénariste, columnist pour Vogue, Vanity Fair, The New Yorker, Dorothy Parker (1893-1967) alias Dotty, alias The Wit (la futée) fut l’une des figures de prou de l’intelligentsia new yorkaise de la première moitié du XXème siècle.
De son salon-studio, Zabou donne à entendre 5 nouvelles de Dottie. Dans un salon de thé, un compartiment voyageurs, un speakeasy, un dîner mondain, face à un téléphone, se peaufine une peinture de l’Amérique des années folles et de la prohibition, L’époque fut violente, bouillonnante mais pas forcément défavorable à l’émancipation féminine.
L’écriture dialoguée favorise le passage au théâtre. Conteuse, transformiste, émule de Ginger Rogers, à jeun ou éméchée, Zabou installe les situations, assure les rôles, insère des apartés. Tout ceci, toute seule, à l’image de Dorothy Parker qui de tous temps camoufla ses failles et son mal être derrière l’ironie, le panache, le une curiosité avisée. Le tout copieusement arrosé.
Pardon pour la poussière, cette épitaphe fut choisie pré-mortem par Dotty. Cette phrase et la rocambolesque odyssée de son urne funéraire définissent à merveille le destin de Dorothy Parker : des affres de solitude colmatées par un esprit en perpétuelle éruption.
A voir pour compléter : Mrs Parker et le cercle vicieux, film réalisé en 1994 par l’excellent et oublié Alan Rudolph, finement interprété par Jennifer Jason Leigh.
Du 7 au 31 juillet, 21H30, Théâtre du Chêne noir.