François Chaignaud affectionne les atmosphères pastorales. En 2018, entre les deux platanes du Cloître des Célestins, Romances Inciertos, un autre Orlando ressuscitait des chants et danse de la renaissance espagnole. Quatre ans plus tard, le metteur en scène-chorégraphe transforme les treize chanteurs des Cris de Paris en vagabonds. Le chœur mixte devient peuple errant, rescapé d’une catastrophe non pas d’hier mais de bientôt, comme en attestent les frôlements des vêtures synthétiques portés par les chemineaux.
Après l’apocalypse.., Tumulus s’inscrit dans le sillage d’Iphigénie, Le Nid de cendres, Futur proche, tous présentés cet été au Festival d’Avignon. Le groupe se pose de part et d’autres d’un tumulus (tombe sise au sommet d’une colline) et ébauche une communauté. François Chaignaud règle une chorégraphie chantée qui pique son répertoire du XVème jusqu’au XXème siècle. La colonie amorce une évolution, balisée de doutes, de fantaisie, d’espoirs et de renoncements.
La proposition baigne dans un insolite à la fois savant, raffiné et quelque peu répétitif. Sans doute un effet des scène ou un éclat narratif auraient été bienvenus pour préserver le charme du spectacle et maintenir l’attention spectateur.
Il n’en reste pas moins que la performance des interprètes, souvent sollicités dans des situations improbables, associée à l’élégance élégiaque du projet, finissent par l’emporter au terme d’un Festival balayé par le Mistral, recouvert par les cendres et écrasé par la canicule.
Tumulus:18H FabricA, jusqu’au 26 juillet.
Photographies: Christophe Raynaud de Lage.