Paysage de guerre, il y a bien longtemps. Des ombres vont et viennent sur une plage, au bord d’un horizon sombre et dangereux. Paré à la bataille, une flotte guerrière est sur le départ. Mais le vent est absent. Pour éveiller les rafales, le roi Agamemnon doit sacrifier aux dieux sa fille Iphigénie.
Les dieux sont des histoires que l’on raconte aux grecs pour justifier ce qu’ils ne comprendraient pas autrement.
Dans la pièce écrite en 2012 par Tiago Rodrigues, la tragédie et ses emphases cèdent la place à des pensées en action. Les dilemmes se recomposent selon les points de vue, au gré des raisonnements. Chacun a ses raisons. Les paradoxes, les intrications se reflètent dans la noblesse graphique de ces silhouettes en stand by, au milieu de nulle part.
Anne Théron inscrit les personnages au cœur d’un paysage mental qui brasse les méandres de la mémoire et les tourments de l’indécision. L’harmonie de la distribution se fond dans la musicalité des phrases. L’humanité et ses complexités s’insinuent dans une ligne claire, profonde, élégante.
Les dieux sont des fables qu’on nous raconte pour se souvenir autrement de ce qui s’est réellement passé.
Interview d’Anne Théron.
Iphigénie, jusqu’au 13 juillet, 18H, Opéra du Grand Avignon (relâche le 10).
Photographies: Christophe Raynaud de Lage