Meng Jinghui aime les mécaniques industrielles. Présentée à Avignon en 2019, La Maison de thé était surplombée, encombrée par un gigantesque tambour de machine à laver, symbole de l’écoulement du temps et de son essorage.
Sous les étoiles du Cloître des Carmes, un énorme concasseur occupe le fond de scène. A ses côtés des rangées de squelettes, des sphères noires de diverses dimensions. Sur la galerie supérieure émerge l’empreinte d’un tyrannosaure. Au cœur de ce bric à brac, des silhouettes vont et viennent, hiératiques, immaculées. Au sein de ce capharnaüm, un homme entreprend un long voyage vers la nuit.
L’espace de sept journées, le défunt croisera les êtres, jalons de son existence : son ex-épouse, son père.. mais aussi, bien des morts sans sépulture, comme cette nourrice d’enfants assassinés à la naissance.. . La charge politique s’entremêle avec la Divine Comédie dans une suite de tableaux monochromes moins dantesques qu’affectés.
Meng Jinghui empile les stéréotypes du théâtre ambiant : machines à fumée (très tendance cette année), guitare électrique saturée (en perte de vitesse ces derniers temps), imprécations face à l’assistance, vociférations sur-amplifiées.. . Plus préoccupés par la posture que par l’incarnation, les acteurs participent à l’arrogance ambiante. Vous allez voir ce que vous allez voir ! A ceci près que tout ce que l’on voit, on l’a déjà vu.
Face à ce Barnum de fausse audace et de réelle autosatisfaction, l’on se souvient qu’il existe des cinéastes chinois : Jia Zhangke, Bi Gan, Wang Bing, artistes souvent immenses, peu choyés par les autorités. Directeur de plusieurs festivals en Chine, Meng Jinghui semble plus en cour. Auteur des Archives du théâtre avant-gardiste et du théâtre innovateur. Il lui reste à écrire l’Art de la récupération.
A la toute fin du Septième Jour, le broyeur entre en action. Trop tard, notre intérêt est concassé depuis bien longtemps.
Le Septième Jour: 22H, Cloître des Carmes, jusqu'au 25 juillet (relâche le 21).
Photographies: Christophe Raynaud de Lage.